M. Taïeb Fassi Fihri, le ministre marocain des Affaires étrangères, disait récemment que son pays refusait que les Nations unies enquêtent sur l’assaut sanglant du 8 novembre à Gdeim Isik et son prolongement féroce les jours suivants contre les populations autochtones à El-Ayoun. M. Fihri assurait aussi que Rabat n’acceptera pas que les prérogatives de la Minurso soient élargies à la surveillance des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental.
Le Sahara occidental occupé par la force depuis 1975 deviendrait-il un énorme Tazmamart à ciel ouvert où l’impunité régnerait aux côtés de Mohammed VI ? S’il agrée le trône voisin, un tel projet ne semble pas du tout convenir à la justice d’Espagne. En effet, le parquet national espagnol, la plus haute instance juridiciaire du pays, envisage, à la lumière de la répression meurtrière d’El-Ayoun, de lancer une action contre de hauts responsables marocains pour «crimes contre l’humanité». Lundi dernier, la Société espagnole des droits humains annonçait que la famille de Babi Hamada Karak Boudjemâa allait déposer plainte.
Boudjemâa, un Sahraoui qui portait la nationalité espagnole, avait été descendu de son bus dans un barrage puis écrasé volontairement, de manière répétitive par un véhicule de la police jusqu’à ce que mort s’ensuive. Pour sa part, l’ONG espagnole demande l’arrestation immédiate du ministre de l’Interieur, M. Taïeb Echerqaoui, et de l’ex-wali d’El-Ayoun, M. Mohamed Jalmous.
Le parquet national aura-t-il plus de réussite que le juge Baltasar Garzon qui a été relevé de ses fonctions quelques jours avant d’entamer l’enquête sur le viol marocain des droits humains qu’il envisageait de lancer dans les camps de refugiés sahraouis, près de Tindouf. Quoi qu’il en soit, l’action du parquet national doit déplaire doublement au makhzen puisqu’il se prononce clairement sur le statut du Sahara occidental. La justice madrilène est formelle : l’Espagne reste la puissance administrante au Sahara occidental et l’accord de Madrid de 1975 partageant le territoire entre la Mauritanie et le Maroc est tout à fait «illégal». Ainsi, la justice espagnole fait entendre au trône des vérités que Jiménez et le gouvernement d’Espagne évitent de lui dire publiquement.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 29/11/2010
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