Dans l’espoir d’apaiser la colère des défenseurs des droits de l’homme, notamment les ONG Human Rights Watch et Amnesty International, ainsi que les eurodéputés, qui demandent une enquête indépendante sur les sanglants de Gdeim Izik, le Makhzen initie par le biais de ses députés une “enquête parlementaire”.
Refusant de céder aux requêtes internationales, émanant du Parlement européen et des deux principales organisations internationales de défense des droits de l’homme que sont Amnesty international et Human Rights Watch, pour la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour déterminer les responsabilités dans l’agression sanglante des forces marocaines contre les civils sahraouis le 8 novembre dernier dans le camp érigé à Gdeim Izik près d’El-Ayoun pour protester contre l’occupation du Maroc, le makhzen essaye de trouver un échappatoire. Pour ce faire, les députés marocains ont décidé lundi de constituer une commission d’enquête parlementaire sur “les événements” survenus après le démantèlement le 8 novembre du camp Gdeim Izik. Composée de treize députés, dont quatre de l’opposition, la commission doit rendre ses conclusions dans un délai maximum de six mois, selon le règlement intérieur du Parlement. Il s’agit d’une première au Sahara occidental. Selon Sâad-Eddine Othmani, député du Parti justice et développement (PJD, opposition islamiste) et l’un des vice-présidents de la commission : “C’est la première fois qu’une commission d’enquête parlementaire marocaine travaillera au Sahara (occidental) et la sixième dans l’histoire du Maroc.” Il ajoutera que “parmi les objectifs de cette commission, qui travaillera pendant au moins 45 jours, figure la délimitation des responsabilités dans ce qui s’est passé à El-Ayoun depuis l’implantation des premières tentes jusqu’aux événements qui ont suivi le démantèlement du camp”. Un communiqué du Parlement a indiqué que la commission va également enquêter sur “les actes de violence qu’a connus récemment la ville d’El-Ayoun” (ndlr : Sahara occidental).
Ainsi après avoir dénoncé la décision du Parlement européen, accusant le Parti populaire espagnol (PP) d’être “derrière” celle-ci, lors d’une importante manifestation à Casablanca lors d’une manifestation populaire en présence de nombreux hauts responsables du royaume et des partis politiques, le Maroc donne l’impression de vouloir calmer la tension en annonçant la création de cette commission d’enquête parlementaire. Il ne s’agit que de la poudre yeux, car comme l’indique le règlement intérieur du Parlement marocain, les conclusions de la commission d’enquête n’ont aucun caractère contraignant, et ne conduisent pas “systématiquement au déclenchement d’une procédure judiciaire”.
Pour rappel, en décembre 2008, une commission parlementaire s’était rendue à Sidi Ifni (sud) après des affrontements le 7 juin précédent entre les forces de l’ordre et des diplômés chômeurs qui avaient bloqué le port de cette localité, qui avait abouti à la conclusion que “lors des incidents, il n’y a pas eu de mort ou de viol au regard du code pénal marocain et des conventions internationales afférentes aux droits de l’homme”.
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