Bruxelles ne croit pas au bling-bling Rachida Dati plaide, en vain, la cause marocaine

Rachida Dati «bling-bling», mère algérienne, père marocain, figure emblématique de l’intégration bidon à la française, ne sera pas d’une grande utilité pour l’envoyé spécial de Sa Majesté Mohammed VI au Parlement européen. Dati dira des insignifiances puis, froidement, laissera le relex du Maroc seul, isolé, désappointé, sans arguments face à des eurodéputés précis, rigoureux, pas près de se laisser rouler dans la farine. L’effet Dati a fait long feu, ici, à Bruxelles.

Le relex du Maroc était, hier, à Bruxelles. Le moins que l’on puisse écrire est qu’il a raté son examen oral devant la Commission des affaires étrangères du Parlement européen (PE). Rachida Dati, eurodéputée française qui devait assurer une couverture de zone à l’envoyé spécial de Mohammed VI, a raté sa prestation. Lamentablement. A telle enseigne que les présents à la rencontre (eurodéputés et journalistes) sont restés bouche bée. Comment se peut-il qu’un responsable politique de ce standing — Rachida Dati a été, tout de même, ministre de la Justice, garde des Sceaux de la République française, et aujourd’hui euro-parlementaire — puisse déclarer autant d’insignifiances et autant d’approximation en un laps de temps aussi court ? A cette question, peu de réponse. 
Comment venir en aide au malheureux ministre des Affaires étrangères du Maroc sonné par les interpellations précises des eurodéputés ? Pourquoi refusez-vous la présence d’observateurs à El-Ayoun ? Combien y a-t-il eu de morts ? Laissez les journalistes entrer au Sahara occidental. Que comptez- vous faire après la résolution du Parlement européen, les rapports d’Amnesty et de Human Rights ? etc. Rachida Dati, ministre déchue de la République française, plus en odeur de sainteté dans la Sarkosie, prend la parole. Silence. Les journalistes se tournent vers l’une des figures cultes dans un passé récent du «blingbling », façon droite des Hauts-de-Seine, personnage emblématique de l’intégration bidon, pour l’écouter, boire ses mots, se désaltérer avec ses paroles. Dati fait un bide. Total. Elle commence par conseiller aux représentants de la prestigieuse institution européenne de ne pas trop dénoncer le Maroc, de savoir que la France a été dédouanée de sa démarche par rapport aux Roms (quand ? Par qui ? Comment ?). Et quand bien même. 
Pour autant, Dati, mère algérienne, père marocain, n’oublie pas d’oublier le Polisario. Sait-on jamais ? Après la disgrâce hexagonale, les cimes royales de Rabat- Salé quand elle parle, vaguement, du Sahara occidental, Dati a la mémoire sélective, l’esprit pas vif. Elle parle d’Algérie et de Maroc quand il s’agit de décoloniser des territoires, le Sahara occidental, dernière colonie africaine recensée par l’ONU. Le relex de Mohammed VI, mis à mal par les questions pointues et sans ménagement des parlementaires de l’UE, renvoie la «balle vers les gradins», «botte en touche», fait le cinéma, esquive, ne répond pas, inverse l’ordre des choses et des convenances. Pas dupes, instruits par un dossier accablant pour le Maroc, les eurodéputés cherchent la faille, tentent d’obtenir l’essentiel. Un engagement ferme du ministre marocain pour permettre aux députés, ONG, journalistes et observateurs de se rendre à El-Ayoun, à Dakhla et dans les territoires occupés. Rien. Le chef de la diplomatie marocaine évite de donner des promesses à ce niveau. Il sait ce que cela en coûte. Accuse l’Algérie, estime que les mots «référendum» et «occupation» doivent être bannis du lexique du Parlement européen. Mme Dati, saisissant que les membres de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen ne sont pas des guignols, ne sera plus d’aucune utilité au ministre marocain des Affaires étrangères. Ce dernier repart de Bruxelles comme il était venu, la bouche pleine et les mains vides.  
Du siège du Parlement européen à Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Le Soir d’Algérie, 4/12/2010 

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