Depuis son statut avancé, le Maroc n’hésite plus à monter sur ses ergots face à l’Espagne de Zapatero. Rabat entend imposer sa volonté à l’Espagne quitte à user de chantage. Le makhzen va jusqu’à s’en prendre aux décisions souveraines du Parlement espagnol. Parce qu’il a osé pointer un doigt accusateur contre lui dans les événements sanglants de Gdeim Izik et d’El-Ayoun. Le royaume se rend-il au moins compte que ses gesticulations grotesques sont plutôt une mauvaise blague pour ses amis socialistes et qu’elles risquent de coûter cher au parti de Zapatero lors des prochaines joutes électorales en Espagne où les sympathies de l’opinion vont majoritairement aux Sahraouis dans leur résistance exemplaire à l’occupant marocain ? Rabat compte riposter en réunissant à son tour son Parlement. Mais que dira-t-il ?
Que les Sahraouis s’étaient concentrés à Gdeim Izik à la suite d’un complot ourdi par le PP espagnol et l’Algérie «ennemie» contre le Maroc biblique ? Le makhzen affirme qu’il réévaluera globalement ses relations avec Madrid, sans nous dire en quoi consisterait cette réévaluation ? Cependant, rien ne dit qu’il ne s’agit pas d’un nouveau chantage laissant planer la menace d’une sorte de laisser-faire qui accélérerait les activités clandestines – harragas, narcotiques, etc – en direction d’une Espagne déjà en difficulté.
Au pays du commandeur des croyants, il devient clair qu’on perd la mesure. On choisit l’escalade et on va jusqu’à envisager de couper l’eau potable aux populations de Melilla. Chose contraire aux directives de l’islam qui interdit formellement d’en priver les populations civiles même en temps de guerre lorsqu’elles appartiennent à une communauté ennemie. Avec l’Algérie, il n’y a pas d’eau à couper, mais la CIA, dont les analyses sur l’Algérie tapent souvent à côté, nous dit que le sultan mobilise ses soldats à nos frontières pour attaquer les Sahraouis réfugiés dans la hamada de Tindouf si jamais le Polisario décidera de chatouiller le «mur» ou les FAR à l’intérieur des territoires occupés. Une folie qui pourrait déboucher sur la consécration du rêve républicain de la distinguée Nadia Yacine. Un rêve que beaucoup de républicains partagent dans notre grand Maghreb, d’autant qu’il en finira logiquement avec la liaison contre nature trône-Israël.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 4/12/2010
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