Olivier Fanon, fils du défunt Franz Fanon, a apporté, en marge des travaux de la Conférence internationale marquant le 50e anniversaire de l’adoption par l’Onu de la résolution 15 14 consacrant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sa lecture de cet évènement et son regard sur ce qui demeure à accomplir. S’agissant de la résolution 15 14 octroyant l’indépendance aux pays et peuples colonisés, Olivier Fanon a soutenu que «pour moi, il s’agit d’un acte fondateur, et légitimement symbolique» Et de souligner qu’ «en tant qu’Algérien j’ai été pétri dans la lutte de Libération, je suis né en 1955 et j’ai vécu toujours en guerre, mon père était représentant du GPRA, nous avons vécu dans les camps, aux frontières, mon père était condamné et recherché», rappelle-t-il.
Un vécu qui pour Olivier Fanon se résume comme suit : «J’étais élevé dans l’action militante active de la Révolution et la guerre. Les grands principes internationaux, je les respecte bien entendu, et toute indépendance s’obtient par la force. N’oublions pas que durant les années 1960, années de la décolonisation, l’Algérie a obtenu son indépendance après une guerre de décolonisation et ça n’a pas été un don» souligne Olivier Fanon. Ceci en ajoutant que «par ailleurs, il y a eu des pays qui disaient nous voulons rester avec vous (le colonisateur) et il ne faut pas oublier que nous, nous avons mis dehors le colonisateur français». Evoquant par la suite dans ses propos la décolonisation du Sahara Occidental ( envahi par le Maroc en 1975, ndds) en déclarant que : «La résolution 15 14, c’est aussi aujourd’hui la légitimité du combat qui continue du peuple sahraoui et moi je suis pour la lutte active» soutient Olivier Fanon. Précisant par ailleurs, qu’ «Il y a la lutte à mener au sein des grands forums internationaux mais il y a la lutte sur le terrain et l’indépendance s’acquiert par la force et la lutte, aujourd’hui, comme hier et aussi demain, voila ce que représente pour moi la Résolution 15 14.» .
S’agissant des autres questions marquant l’actualité continentale et internationale, M. Fanon met en garde contre les autres formes de colonisation qu’il qualifie «de re-colonisation»,à travers la mainmise des ex-puissances coloniales et de puissants sur les règles économiques, via les instruments, tels le Fond monétaire international, la Banque mondiale, et l’Organisation mondiale du commerce». Il indiquera que «c’est latent, c’est sous-jacent» et pour y faire face, pour lui, «seule l’union entre les pays libres et indépendants peut faire échec à cette nouvelle tentative de re-colonisation». Tout en rappelant les expériences passées des peuples en lutte pour leur indépendance que «seule l’union fait la force, il ne faut pas l’oublier» souligne Olivier Fanon.
Autre question évoquée aussi dans les propos tenus par notre interlocuteur, la lutte contre le terrorisme dans les pays du Sahel, à propos de laquelle il dira de prime abord que «c’est une affaire des pays voisins (pays ayant des frontières communes) et non pas un problème des anciennes puissances coloniales». Et d’ajouter à cet effet qu’«il faut faire comprendre à nos chers voisins (les pays du Sahel) que s’ils ont des problèmes, nous sommes là pour les aider. Ils n’ont pas besoin de faire appel à l’ancien colon.» Ceci en indiquant qu’ «il y a des situations qui perdurent et qui sont créées», a-t-il estimé, ajoutant qu’il préfère «l’intervention» de l’Union africaine dans les pays du Sahel à « elle des armées de l’Africom ou de je ne sais qui encore d’autre ».
Karima Bennour
La Nouvelle République, 15/12/2010
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