Le Conseil supérieur des oulémas marocains a décidé, lors de sa 11e session ordinaire à Agadir, de se mettre à son tour au garde-à-vous et à s’aligner en faveur de l’invasion militaire du Sahara occidental, considéré comme une «terre promise bis» au Maroc. Dans son communiqué rendu public avant-hier, le Conseil y développe fidèlement, en les habillant de la gandourah islamiste, les idées expansionnistes du makhzen, mais aussi les accusations et les haines que ce dernier entretien de manière criminelle contre l’Algérie. On y évoque l’assaut du 8 novembre contre les campeurs civils de Gdeim Izik qu’on traite contre leur volonté de marocains, on y parle de complots extérieurs visant à porter atteinte à l’intégrité territoriale, la «cause sacrée», et on y renouvelle son allégeance au roi, un jeu que les Sahraouis s’interdisent obstinément.
Mais les oulémas et les imams ne savent-ils pas au Maroc qu’en islam, il n’existe pas de terre promise. «Wa lakad katabna fi zabouri mine baa’di edhikri anna al-ardha yarithouha mine i’badiya assalhine, inna fî hadha balaghane likawmine a’bidine», nous enseigne le saint Coran dans la sourat Al annbiyaë. Mieux, la même sourat dit plus loin : «Afala yarawna anna naëtî al-ardha nankoussouha mine attrâafiha, afahoumou al-ghaliboune.» Des enseignements divins qui, face au communiqué du Conseil des ouléma marocains, nous rappellent les bonnes fetwas taillées sur mesure de feu Tantaoui ou celle d’El-Malti, cet exégète musulman des siècles passés qui avait le plus innocemment du monde décrété le haschich comme hallal à la consommation.
Les oulémas du Maroc, qui devraient méditer avec la profondeur nécessaire les versets cités, se rendent-ils compte qu’aucune frontière n’est éternelle et que toutes changent continuellement au fil des époques ? Le renier, ce serait tout simplement renier la volonté divine. Maintenant, il nous reste à savoir pourquoi les fonctionnaires religieux au Maroc gardaient-ils le silence lorsque les familles sahraouies se faisaient bombarder au napalm et au phosphore à Oum Dreiga et dans d’autres lieux dans le désert, lorsqu’elles fuyaient la bestialité des FAR en 1975 ? Et pourquoi gardent-ils le silence sur toutes les saloperies vécues dans les territoires occupés ? Le viol des femmes et des hommes serait-il hallal ?
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 20/12/2010
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