SELON LE DIRECTEUR DE L’OFFICE DE LUTTE CONTRE LA DROGUE : 26,5 tonnes de kif saisies en 2010
Le nombre de toxicomanes en Algérie a avoisiné les 30 000, les dix dernières années. Les statistiques font froid au dos et les chiffres son effrayants. Autrement dit, la consommation de la drogue dans notre pays est un phénomène qui prend quotidiennement des proportions inquiétantes. Un phénomène qui n’épargne aucune couche de la société. La consommation de la drogue est également une menace constante, dans les villes tout comme dans les zones rurales, y compris dans les milieux scolaires, de même dans les universités, a regretté hier, le directeur de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT).
Lors d’une conférence portant sur la consommation de la drogue et ses répercussions sur les sociétés, organisée au Conseil de la Nation, Abdelmalek Sayeh, a indiqué en outre que 85 % des consommateurs de la drogue dans notre pays sont âgés de moins de 35 ans, dont 95% sont du sexe masculin et les 5% restant sont des filles. Et d’ajouter dans ce sillage que 2030 toxicomanes ont été pris en charge entre 1998 et 2009 dans les différents centres hospitaliers dépendant du ministère de la Santé.
Abordant les opérations de saisies menées par les différents corps de sécurité, le président de l’ONCLDT, a relevé que 26,5 tonnes de cannabis ont été saisies en 2010, un chiffres en baisse par rapport à l’année dernière où 74,643 tonnes de cannabis ont été saisies. Un chiffre qui conjugue selon lui les efforts doublés des services de sécurité, chacun à son niveau, quoi que les frontières Ouest, notamment Oran, demeure la plaque tournante du trafic de la drogue. A l’occasion, le directeur de l’ONCLDT, sans pour autant cacher son inquiétude à ce que le prix du joint du cannabis soit moins cher que la cigarette ordinaire dans les années à venir, relèvera que le danger réel est le fait que notre pays partage les mêmes frontières terrestres avec l’un des pays les plus producteurs du cannabis, le Maroc en l’occurrence. Lequel, Maroc, selon lui qui détient pas moins de 60 % de la production mondiale du cannabis, avec plus de 56 000 tonnes en 2010, dont une majeure partie, transite par le sol algérien pour être acheminée vers d’autres pays d’Europe ainsi que vers les pays du Sahel, là ou le commerce de la drogue est directement lié à AQMI qui en fait, à ses dires, une de ses rentrées financières.
Pour ce faire, ajoutera Abdelmalek Sayeh, les narcotrafiquants ne lésinent pas sur les moyens. « Pour bâtir cet empire qui génère des milliards de dollars annuellement, les narcotrafiquants usent de tous les moyens possibles. À commencer par des armes redoutables jusqu’à un matériel de télécommunication très sophistiqué », dira-t-il. Par ailleurs, le directeur de l’Oncldt estimera que nul ne peut aborder le sujet de la drogue sans souligner le caractère grave de ce fléau qui préoccupe désormais au plus haut point tous les États et les sociétés de la Planète. « Il n’est pas exagéré en effet d’affirmer que la drogue constitue de nos jours au même titre que d’autres fléaux des temps modernes tels que le terrorisme, le blanchiment d’argent et le sida, une menace réelle des peuples et un obstacle majeur à leur développement », soulignera- t-il. Car, enchainera l’orateur, il est tout a fait évident que le trafic de drogue, en plus du fait qu’il constitue l’une des formes les plus dangereuses du crime organisé transnational est étroitement lié aux autres fléaux. Il occupe le deuxiéme rang mondial après celui de la vente des armes.
Farid Houali
Farid Houali
Le Courrier d’Algérie, 27/12/2010
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