Capsules, poudre et filières africaines De plus en plus de jeunes addicts à l’héroïne

Les signaux sont au rouge. La consommation d’héroïne, qui s’était écroulée depuis le milieu des années 2000 en raison du développement des traitements de substitution aux opiacés, serait repartie à la hausse, selon les affaires élucidées ces deux dernières années par les services de sécurité. Début 2010, les autorités et les agences sanitaires ont jugé la situation suffisamment alarmante pour actionner un plan conjoint mettant en garde contre «une augmentation continue de la consommation» de cette drogue et «un manque de connaissance des nouveaux usagers quant aux risques encourus». Fait inquiétant, elle ne touche plus seulement les usagers traditionnels d’opiacés, âgés en général de plus de 30 ans, mais se diffuse dans des populations plus jeunes. 
 
Deux nouveaux publics sont concernés, souligne l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (l’Onlcdt). Il s’agit, d’une part, des jeunes en bonne situation financière évoluant en milieu résidentiel et, d’autre part, de jeunes relativement intégrés qui expérimentent cette drogue en milieu festif (discothèques, boîtes de nuit, fêtes) de manière occasionnelle. Il est important de souligner qu’un seul gramme d’héroïne coûte une somme de 15 000 dinars. Cela dit, cette drogue dure n’est pas à la portée de tout le monde, toutefois sa consommation prend aujourd’hui de l’ampleur dans les quartiers de la capitale, notamment dans les milieux résidentiels. 
 
En effet, la Gendarmerie nationale et la police ont éludidé, chacun, cinq affaires relevant de trafic d’héroïne, et ce, en l’espace de quelques semaines seulement. C’est au niveau de certains quartiers de la capitale que cinq réseaux de trafic de drogue dure ont été démantelés. A Bir Mourad Rais, un réseau composé de six personnes, dont deux Algériens et quatre ressortissants africains ont été arrêtés pour vente d’héroïne. Le 21 décembre dernier, la BMPJ de la division Centre d’Alger a reçu des informations très minutieuses sur la présence d’une personne suspecte rodant dans la station des bus de Bir Mourad Rais. Ce dernier sera arrêté en flagrant délit en possession de 4 grammes d’héroïne. Le même jour, un autre réseau est tombé du côté de Douéra. En effet, une jeune personne à bord de son véhicule a été interceptée par les gendarmes, suite à des informations fournies par des citoyens, et prés de 20 grammes d’héroïne ont été découverts par les gendarmes en sa possession.

Risques de contaminations

Drogue puissante, synthétisée à partir de la morphine, elle-même issue du coquelicot, l’héroïne peut conduire à une dépendance physique et psychique, s’accompagnant d’une tolérance qui nécessite des doses de plus en plus importantes, mettent en garde les médecins de l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger. Son usage par voie intraveineuse présente un risque de contamination (VIH, virus de l’hépatite B ou C). Enfin, le consommateur n’est pas à l’abri d’une overdose entraînant la mort par dépression respiratoire. En 2006, sur 6 décès survenus par overdose, 21% étaient imputables à l’héroïne seule, selon l’enquête annuelle effectuée par l’Onlcdt. Cette drogue mortelle provient de certains pays voisins, tels que le Mali et le Niger, ou encore le Maroc, mais également d’Europe, notamment de France et d’Espagne. Mais le véritable carrefour de l’héroïne est au Maroc et en Afghanistan. Ces deux pays sont des producteurs, voire des références en matière. Ils produisent annuellement des tonnes d’héroïne tout comme l’Amérique latine. En Afghanistan, la production d’opium, qui alimente le trafic d’héroïne vers l’Europe, a atteint en 2009, pour la deuxième année consécutive, un «niveau record», soulignait le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Depuis 2004, les saisies d’héroïne en Algérie ont connu une progression régulière, passant d’un peu plus de 5 kg à 10 kg en 2007, selon l’Onlcdt. Cette augmentation de la disponibilité du produit a entraîné une baisse sensible des prix, passant de 18 000 dinars le gramme en 2005 à 15 000 dinars en 2007.

S. A.
Le Jour d’Algérie, 3/1/2011

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