Le HCR, le Maroc et les visites familiales

Aujourd’hui, vendredi 7 janvier 2011, le programme onusien d’interchange de visites entre les familles sahraouies des territoires occupés du Sahara Occidental et les camps de réfugiés sahraouis en Algérie. Le programme était suspendu depuis plus de dix mois à cause des obstructions marocaines qui visent à faire de ces visites un moyen de propagande moyennant l’intrusion d’éléments de la DST marocaine, alors que seul le HCR a le droit de désigner les bénéficiaires du programme. Théoriquement, le HCR a la liberté de contact avec la population concernée, ce qui n’est pas le cas, puisque le Maroc a essayé, depuis le début du plan de paix onusien, de mettre les institutions onusiennes travaillant au Sahara Occidental sous son contrôle. Le plus étrange dans cette histoire, c’est que le HCR, malgré l’insolence et la grossièreté des autorités marocaines, n’a jamais dit un mot pour protester ou dénoncer les agissements marocains.

La position sahraouie a toujours été de demander au HCR de leur dire sur quelle base ils doivent les reprendre: sur la base du plan d’action de 2004 ou sur la base d’un nouvel accord qui reste à negocier? Le Front Polisario n’a pas reçu de réponse de la part du HCR. Pire encore, le HCR se laisse porter par les manoeuvres marocaines visant à faire du programme de visites un moyen de porter atteinte à la vie paisible dans les camps de réfugiés sahraouis. Ainsi, le HCR, a préparé conjointement avec les marocains un vol pour le 17 septembre 2010 sans consulter la partie sahraouie. Diaspora Saharaui a appris que dans l’avion il y avait une 20 de personnes presque tous de la tribu de Moustapha Ould Selma Ould Sidi Mouloud, des familles aisées que le Maroc a pris le soin d’engraisser et d’acheter leur soutien comme c’est propre à tout colonialisme. En Algérie, on les appelait les « Harkiyine ». Le but de ce vol était que les passagers arrivent à Tindouf ou à Rabouni pour manifester pour la libération de Moustapha. 
 
Les sahraouis sont conscients du manque du sérieux du HCR depuis le début du processus de paix. Surtout depuis que Genève a décidé de couper les vivres aux réfugiés sahraouis pour faire pression sur le Polisario et l’amener à accepter la dénommée autonomie marocaine. Diaspora Saharaui a appris aussi que le délégué du HCR à El Aaiun a l’intention de se marier à une marocaine. Il faut reconnaître que les fonctionnaires onusiens aux territoires du Sahara Occidental occupés par le Maroc sont gâtés.

Dans un article publié le 4 avril 2009 sous le titre « Deux hommes qui inspirent confiance », notre blog avait souligné le charisme de l’envoyé spécial Christopher Ross. Deux ans plus tard, nous avons le plaisir de voir un homme persévérant et têtu, deux caractéristiques qui agacent Rabat. Ross n’a pas l’intention de jeter l’éponge. C’est ce que les marocains désirent. Rappelons qu’au début, Rabat était réticent à accepter sa désignation. Il ne lâche pas les marocains et, selon ses propres termes, dans le but de trouver une solution basée sur le  droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Bien sûr, Mohamed VI, dans ses rêves de grand visionnaire, comme l’était son père, a voulu faire passer son plan d’autonomie comme une façon de s’autodéterminer. Ross n’est pas convaincu, puisque sa désignation était arrivée après le départ de Peter Van Walsum, le petit agent de Paris et Washington dont la mission était d’écraser les aspirations du peuple sahraoui.

C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de négociations indirectes, directes, formelles, informelles qui n’ont rien donné, mais ce n’est pas pas assez pour convaincre Ross de partir. Il a l’intention de mener à bien la mission pour laquelle il a été choisi : amener la paix à une région embrasée depuis plus de 36 ans par les velléités expansionnistes de Rabat … et Paris.

L’annonce de la reprise des visites familiales a suscité la joie de la presse internationale comme attendu par Rabat, mais pas celle des sahraouis. Ils sont conscients que les autorités marocaines acceptent ce programme parce qu’ils ont été contraints par la communauté internationale. Si vous voulez la joie des sahraouis, dites-leur que le Maroc a décidé de se plier à la volonté de l’ONU et a ouvert une brèche dans le mur de la honte pour permettre les visites par voie terrestre. Parce que des vols de 20 personnes par mois ou par semestre, c’est carrément une farce pour se moquer des sahraouis et le HCR s’adonne si bien à ce jeu marocain. A  cela s’ajoute que le pouvoir marocain vient d’annoncer le mensonge du démantèlement d’un réseau terroriste à Amgala. Mauvaise nouvelle pur le HCR, le Maroc va refuser l’ouverture du mur de défense « pour des raisons liées au terrorisme ». Rabat n’avait-il pas argué qu’il laissait le mur pour contrecarrer le terrorisme? Alors, le HCR continuera-t-il à faire le sourd et le muet face à l’intransigeance marocaine?

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