Visite guidée. Noël à Laâyoune

Deux mois après les émeutes du 8 novembre, la ville a retrouvé son calme et ses habitants semblent souffrir d’une amnésie collective.

Le parc de loisirs Las Dunas au centre-ville ressemble à un mini-parc Yasmina casablancais en plus cheap encore. Des cigognes en plâtre trônent sur une fontaine en toc, des “mikhis” dessinés à la va-vite sur les murs sont censés égayer les lieux, des enfants tentent désespérément de s’amuser dans ce lunapark triste comme un cimetière. Au loin résonnent des coups de feu inoffensifs, la ville ne se révolte pas à nouveau, ce n’est que la fantasia du festival Rawafid Azawane de Laâyoune (capitale de l’ancienne colonie espagnole du Sahara Occidental envahie par le Maroc en 1975 et 1979, ndds). 

 
Reportée à cause des évènements du 8 novembre, la manifestation bat finalement son plein, au grand dam de plusieurs associations locales qui ont jugé ces festivités déplacées alors que la ville est encore meurtrie. “Tout est rentré dans l’ordre”, se justifie-t-on du côté de l’organisation. Un leitmotiv répété par toutes les personnes rencontrées, du chauffeur de taxi sahraoui à l’élu local, en passant par le vendeur ambulant originaire de Kelaât Sraghna. Un unanimisme de façade, à en croire un haut fonctionnaire originaire du nord du Maroc. Embarqué dans son véhicule de fonction, il nous balade en ville à travers la “zone verte”, expression des fonctionnaires locaux pour décrire le quartier administratif sécurisé lors des évènements. Détendu jusque-là, il se crispe à l’approche des faubourgs de la ville. “Je ne peux pas aller plus loin. S’ils voient l’immatriculation officielle, les jeunes vont nous caillasser.” La vie coule en apparence comme un long fleuve tranquille à Laâyoune. En attendant la prochaine crue ? 
Hassan Hamdani, envoyé spécial
TelQuel, 7/1/2011

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