L’Espagne s’en était lavé les mains. Le voisin en a profité pour entreprendre une occupation que le défunt monarque appela « La Marche Verte » pour débouler sur les territoires du Sahara Occidental qui fut gelé dans le statu gelé dans le statut de colonie.
C’était en 1975. Et ce qu’on appelle la communauté internationale, expression très diplomatique pour désigner un Occident ostensiblement enclin à entériner cette annexion en contradiction avec les règles les plus élémentaires dont celle des peuples à disposer librement de leur autodétermination.
Le mot est lancé. En d’autres termes, il signifie tout simplement l’indépendance. Et les choses traînèrent de tentative de dialogue en rencontres au Sommet qui n’aboutiront qu’à la perpétuation du fait accompli : le Sahara Occidental est bel et bien considéré comme un territoire marocain. Les choses en restèrent donc là, et la population sahraouie, derrière le Polisario, ne baissa jamais les bras, tentant plus par la voie diplomatique que par des actions d’éclat, de faire entendre sa voix.
Une tragédie humanitaire
Devant une « communauté internationale » sourde à toute revendication d’indépendance, plutôt versée dans l’humanitaire. Et c’est là tout le noeud du problème : un conflit typique de colonisation transformé par la frilosité et surtout la complicité de l’Occident en tragédie humanitaire que des convois de riz, de denrées alimentaires et de tentes essaient de soulager. La situation va alors s’enliser avec le temps et l’Algérie qui est intransigeante sur les questions de décolonisation – ayant elle-même payé très cher son indépendance – apporta donc son soutien à la population sahraouie.
Aussi, avec l’intronisation du jeune héritier Mohamed VI un air d’espoir commença à planer autour de cette question et on se dit que le nouveau souverain allait en finir avec ce conflit, vu son jeune âge et ses propensions prétendument modernistes. Grosse erreur d’appréciation : le nouveau roi allait se révéler plus cruel que son père. Plus manoeuvrier aussi car il excelle dans l’art de régner sous des apparats de jeune homme bien sous tous rapports, pratiquant le jet-ski, amateur de musique rock – c’est un fan de Johnny Halliiday – et grand épicurien, il fait montre d’une tyrannie sans égale quand il s’agit de réprimer tout mouvement contestataire, notamment dans les territoires occupés. Impunément.
La complicité de l’Occident
Il est reçu dans toutes les capitales occidentales avec les honneurs, et personne ne fait allusion au Sahara occidental considéré par beaucoup de chancelleries comme un territoire marocain comme le dessinent les cartes géographiques et les dictionnaires de référence. Mais d’où vient donc cette impunité du roi, voire cette complicité de la communauté internationale?
Il faut dire que le Maroc est une destination touristique très prisée et particulièrement à Marrakech, cité millénaire qui répond exactement aux fantasmes exotiques de tous les européens qui y trouvent intactes les traces d’une ville des mille et une nuits avec ses palais, ses Riads et ses splendides demeures dans la pure tradition architecturale arabe. Présidents, ministres, richissimes hommes d’affaires et stars du cinéma y ont tous un luxueux pied à terre. Récemment, le président Sarkozy y a passé quelques jours de vacances en compagnie de son épouse, alors que tout le monde le croyait en villégiature dans la propriété de sa belle-famille dans le sud de la France. Pendant les fêtes de fin d’année, c’est le rush de tout le gratin parisien, souvent aux frais du souverain, qui se fait un devoir de bichonner tout ce beau monde.
On comprend dès lors que la France, par la voix de son flambant ministre des Affaires Etrangères, ponde un communiqué dans lequel elle « condamne fermement les heurts qui ont lieu au sud du Maroc » (sic). C’est pourquoi le roi réprime dans le sang, en toute impunité : il est assuré du soutien de la France et de ce « machin » nommé ONU qui tergiverse depuis de longues années, non sans faire entériner le fait accompli.
La mission onusienne – la MINURSO – chargée de trouver une issue au conflit est impuissante à influer sur la situation, se contentant de rédiger des rapports épisodiques dans lesquels elle déplore la précarité des populations exilées et chassées de leur territoire. Les camps de réfugiés de Tindouf vivent par la grâce des dons et de l’aide alimentaire.
Et dans sa mégalomanie expansionniste, le roi ne se gêne pas pour revendiquer Tindouf comme territoire marocain. Passés maîtres de l’art de la manipulation, les services marocains parlent d’attaque des sahraouis contre l’armée royale. Dans ce cas, pourquoi interdire aux ONG’s et à la presse d’entrer au Maroc?
Neyla Belhadi
Alger Hebdo, 13-19/12/2010
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