Le Maroc, premier pays en troc politique

Selon Wikipedia, « Le troc est l’opération économique par laquelle chaque participant cède la propriété d’un bien (ou un groupe de biens) et reçoit un autre bien. Le troc fait partie des échanges dits de compensation, avec l’échange de services au pair. On oppose le troc à l’opération d’achat-vente médiatisée par une monnaie. » En d’autres termes, le troc est le commerce du « donnant-donnant ». C’est un principe que le Maroc a appliqué à sa politique extérieure depuis sa pseudo-indépendance. 

L’homme a recours au troc lorsqu’il n’a pas d’argent pour acheter ses besoins. Dans la diplomatie, l’argent est la légalité internationale et la justice. Dans le conflit du Sahara Occidental, le Maroc et ses alliés n’ont pas cette précieuse monnaie. Elle est du côté des sahraouies et elle s’appelle droit à l’autodétermination d’un territoire non-autonome, un droit réclamé par l’ONU depuis 1966. 

Le déclassification des documents secrets américains a laissé en évidence les véritables raisons qui ont poussé l’Occident à soutenir l’agression marocaine contre le peuple sahraoui. Pour s’approprier le Sahara Occidental en 1975 et profitant de l’agonie du Général Franco, Hassan II avait vendu sa lutte contre la « menace socialiste qui guettent ses frontières de l’Est ». L’Algérie, malgré son statut de membre fondateur des pays non-alignés était considérée comme une menace communiste parce que, contrairement au Maroc, le pays des 1,5 millions de martyrs n’achetait pas ses armes de Washington ou de Paris, et condamnait la politique hégémoniste des pays les plus puissants de la planète ainsi que leur politique colonialiste.

Ils ont mis en oeuvre leur plan sans compter avec la volonté du propriétaire du lieu : les sahraouis. Hassan II l’avait dit : « Finir avec le Polisario ne sera qu’un exercice d’entraînement pour les FAR ». Seulement, l’exercice s’est avéré très douloureux et s’est soldé par la mort de plus de 40.000 et la capture de plus de 2500 soldats marocains. 

La Guerre Froide finie, les USA ne voient plus de raisons de continuer à alimentaire cette guerre. En 1991, la même année où George Bush père avait attaqué l’Irak et annoncé l’avènement d’un nouvel ordre mondial, Washington décide d’arrêter les hostilités au Maghreb et chercher une solution pacifique au conflit basée sur le droit international : le référendum tant attendu. 

Hassan II était un homme courageux et avait accepté de courir le risque tout comme le Front Polisario avait accepté d’élargir les listes du corps électoral, mais sa mort en 1999 et l’apparition du phénomène du terrorisme ont changé la donne. La décennie noire que l’Algérie a traversée entre 1989 et 1999, année d’intrônisation de Mohamed VI et l’accès à la Maison Blanche d’un fou appelé George Bush Junior ont ravivé les ambitions du Maroc. Alors, nouveau troc! Bush avait besoin de torturer les musulmans ailleurs qu’à Guantanamo. Pour cela, la prison de Temara a été offerte en échange d’un soutien au plan d’autonomie. 

Pour contrecarrer l’influence américaine dans le Maghreb, Paris sort de sa réserve et ne cache plus son amour pour le Maroc. Obama, conscient que le royaume alaouite n’a jamais cessé d’être un protectorat français, d’ailleurs c’est la raison pour laquelle les américains avaient voulu renverser le roi Hassan II avec la complicité de leur ami le Colonnel Ahmed Dlimi, se tourne vers l’Algérie qui est devenue un puissant rempart contre le terrorisme en plus de regorger d’immenses ressources naturelles. En vain, Rabat allait proposer d’installer l’AFRICOM à Tan-Tan sous les mêmes conditions. Cest-à-dire, exigeant le soutien du nouvel arrivé à sa proposition d’autonomie. 

L’échec du plan d’autonomie, l’impossibilité de reprendre les armes contre les sahraouis, la capacité de résistance et de détermination de ces derniers et l’émergence d’une puissance régionale indiscutable, l’Algérie, vont pousser Rabat, Paris et leur lobbies à changer de tactique. La région entière doit être déstabilisée pour justifier l’intervention française et affirmer le Maroc comme pays stable et fiable, alors que ce sont ses ressortissants qui se trouvent à la tête de la majorité des attentats commis en Europe. 

Les tentatives de déstabilisation sont accompagnées d’une large campagne médiatique de diabolisation du Front Polisario dans le but de salir sa réputation forgée au cours de 35 ans de combat propre et honnête. Une tentative désespérée de faire reculer le succès diplomatique enregistré par la cause sahraouie depuis le départ de Peter Van Walsum. L’Algérie n’a pas été épargnée dans cette campagne. Les émeutes qu’elle a connus dans les derniers jours peuvent être considértés comme une conséquence directe de cette campagne médiatique.

Acculés par le Conseil de Sécurité et l’Envoyé Spécial Christopher Ross, Paris et Rabat ne voient plus de sortie que l’embrasement de la région. L’agression contre le camp de toile de Gdeym Izik visait à saborder les négociations et pousser le Polisario à reprendre les armes en sachant que le mouvement sahraoui fait face à de fortes pressions de la part de ses militants pour reprendre la lutte armée. 

Cette fois-ci, la monnaie d’échange avec l’Elysée est un soutien marocain à son plan hégémonique de l’UPM. Paris de son côté a déjà fait preuve de « bonne volonté » envers le Maroc. Deux fois au Conseil de Sécurité, la France se bat contre le respect des droits de l’homme au Sahara Occidental et ne cesse de répéter que « l’autonomie constitue une bonne base » pour les négociations.

Ainsi, le ministre des Affaires Etrangères marocain, Taëb Fassi Fihri, ne se rend jamais à Manhasset sans faire « escale » à Paris pour s’assurer de son soutien. Les américains pour exprimer leur position et dénoncer l’offensive franco-marocaine ont relâché certains documents secrets sur un site qui continue de faire la une des journaux.

L’Algérie, pour sa part, a déjà annoncé aux américains et européens qu’elle ne les laissera pas lyncher le peuple sahraoui sous couverture de lutte contre le terrorisme. Et ce n’est pas rien. Rappelons que lorsque l’ancien secrétaire général de l’ONU, Javier Perez de Cuellar, décida de trahir les sahraouis en échange d’un post honoraire dans le holding royal ONA, le président algérien avait envoyé une lettre au président du Conseil de Sécurité pour leur rappeler que le peuple sahraoui n’est pas seul.

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