Les indomptable sahraouis

Il y a des peuples qui s’acharnent à défier leur destin. Ils sont des gens obstinées pour une survie inconvenante pour les autres, qui s’agitent exaspérément contre leur holocauste. Ils résistent au nom d’une dignité que la communauté internationale maintient kidnappée depuis plusieurs décennies. Au milieu de rien et en manquant de tout. Les otages d’un désert qui est devenue une prison dévastée en sable à ciel ouvert. Comme ces autres palestiniens, ces saharauis indomptés ne veulent pas entendre ce qui incommode leur existence. Leur détermination à rester vivants trouble la fluidité dans les affaires et la politique. Des problèmes « esthétiques » surgissent, comme le sang répandu par les forces marocaines de sécurité, qui sont trop visuelles pour pouvoir continuer à les maquiller avec des bavardages et des discours creux.

Mais la réalité est que tout le monde se fiche des sahraouis. Ni aux États-Unis, à qui convient la dictature de fer de Mohamed VI pour contrôler le fondamentalisme islamique dans la région. Ni en France, qui a déjà collaboré dans l’infamie avec son ancienne colonie, à coups de bombes au napalm et au phosphore blanc. Ni en Espagne, cette Mère-Patrie contre nature qui a, lâchement, renié ses enfants dans le passé et qui fait passer  les lieux de pêche et les intérêts des entreprises avant la défense des droits de l’homme. Ni à l’ONU, dont les résolutions sur l’autodétermination du peuple sahraoui et la légalité du Front Polisario ne passent pas d’être une déclaration simple de principes d’un organisme qui se manifeste incapable de résoudre le conflit. Non, les sahraouis ne préoccupent personne. Ou presque personne, parce que la droite nationale, avec González-Pons comme porte-parole de la croisade, a vu rentabilité dans la cause sahraouie et a rallié le chariot des mobilisations citoyennes en obviant que, lors de leur législature, ils n’ont bougé un doigt pour leur offrir leur soutien.

Donc, étant donné qu’il n’y a pas de pétrole et d’autres ressources appétissantes pour les puissances mondiales, l’étique et la justice ne sont pas d’éperons à broche pour faire bouger les volontés diplomatiques et pour finir avec le massacre. Je ne vais pas me pencher sur la dette historique qui nous lie à ce peuple. Je veux sauter ce détail et souligner l’exemple moral qu’ils nous apportent. Dans un monde où tout semble être prédestiné, le plus simple serait de se plier au plus puissant. Se rendre pour essayer de minimiser la souffrance. Mais les sahraouis sont en train de nous donner un témoignage de résistance pacifique face à la fatalité. Quelque chose dont on a beaucoup besoin dans les temps qui courent.

Nous sommes nombreux à pleurer avec leurs larmes et saignons de honte à cause de leurs blessures ouvertes. Une marée humaine écœurée par la suprématie des intérêts économiques sur les droits légitimes des personnes.

Mais comme on ne peut pas lui demander d’exercer l’usage de la conscience à qui ne l’a pas, les gouvernements du monde devraient faire attention à une autre chose : Celui qui n’a rien à perdre devient le plus dangereux des ennemis. Le harcèlement que les palestiniens subissent s’est transformé en factorerie qui exporte des terroristes. Au Sahara Occidental (occupé par le Maroc depuis 35 ans, ndds) la même chose pourrait arriver.

Si on sème la haine, nous devrions pas être étonnés si les récoltes finissent par être létales.

Ana Cuevas Pascual
Andalan, 9/12/2010

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