Le ministre marocain des Affaires étrangères accuse l’Algérie de bloquer l’Union pour la Méditerranée.
Pour donner un nouveau souffle à l’UPM, l’Union pour la Méditerranée, un projet moribond cher à Nicolas Sarkozy, la France mise sur le Maroc. Pour expliquer l’état embryonnaire qu’il n’arrive pas à dépasser, il fallait trouver un bouc émissaire. C’est sans hésitation que l’Algérie a été pointée du doigt.
«Le Maghreb intégré sera un élément fondamental de l’UPM. Malheureusement, nos frères algériens maintiennent les frontières fermées», a déclaré vendredi à Paris, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération. «Face à cette situation, le Maghreb continue d’être en panne», a-t-il ajouté sur un ton accusateur. Le chef de la diplomatie marocaine a tenu ces propos à l’occasion d’une table ronde qui s’est tenue vendredi dernier dans la capitale française. Elle avait comme thème «Pour un espace de croissance et de stabilité en Méditerranée».
La réunion a été coprésidée par le ministre marocain des Affaires étrangères et son homologue française, Michèle Alliot-Marie. Cette rencontre qui avait pour initiateur l’ancien ministre de l’Immigration, (controversé et contesté), Eric Besson, désormais ministre de l’Industrie a vu la participation notamment de l’éminence grise du chef de l’Etat français, Henri Guaino, patron de la mission interministérielle «Union pour la Méditerranée» (UPM), et de M.Ahmed Masa’deh, le secrétaire général de l’UPM. Paris avait besoin d’un avocat pour défendre et ressusciter son initiative, elle l’a trouvé en la personne de Taïeb Fassi Fihri. Entre les capitales française et marocaine c’est du donnant-donnant.
La France soutient ouvertement le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. En signe de reconnaissance, le trône chérifien appuie les visées élyséennes de leadership, au Maghreb et en Méditerranée.
Lors d’un entretien, le 14 décembre 2010 à Paris, entre la nouvelle patronne du Quai d’Orsay et son homologue marocain, Michèle Alliot-Marie a réitéré le soutien de la France au royaume alaouite concernant la question du Sahara occidental, selon une dépêche répercutée par l’agence de presse officielle marocaine. A chaque fois que le Maroc s’est trouvé en situation délicate, la main secourable tendue par les responsables politiques français l’ont tiré des eaux dans lesquelles il aurait dû se noyer. La France a mis tout son poids dans la balance pour mettre en échec la mise sur pied d’une enquête internationale visant à faire toute la lumière à propos de l’assaut lancé le 8 novembre dernier par les forces d’occupation marocaines contre le camp de toile sahraoui de Gdeim Izik, tandis que les eurodéputés français issus de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) se sont vainement opposés à la résolution votée par le Parlement européen. Le texte adopté avait fermement condamné cette agression. «Je me suis opposée à cette résolution», a confié le 5 décembre 2010 l’ex-garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, au cours d’un point de presse animé à l’Institut supérieur national des sciences politiques à Ben Aknoun dans la banlieue d’Alger.
L’Union pour la Méditerranée «est une étape complémentaire et positive par rapport au processus de Barcelone de 1995, en prévoyant une gestion paritaire entre le Nord et le Sud avec un secrétariat basé à Barcelone, et en identifiant des projets concrets (plan solaire, autoroutes de la mer, autoroutes terrestres, protection civile, PME/PMI)…», a estimé le chef de la diplomatie chérifienne. Sur ce plan, la France et le royaume marocain ont accordé leurs points de vue. Pour le meilleur et pour le pire Rabat et Paris ont scellé et signé leur union.
Mohamed TOUATI
L’expression, 10/1/2011
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