Sauvons l’enfance ! (et notre économie)

Une proposition du CJDM.


Si vous êtes consultant ou apparenté, vous préférerez sûrement le résumé de ce billet sous format POWER Point. cliquez ici. (il faut cliquer sur le « ici », on ne sait jamais avec les consultants …)

Ce qui peut frapper le touriste occidental fraîchement arrivé au Maroc, à part la matraque d’un moustachu qui visait une tête moins blonde, ce sont les enfants de la rue. Arrêtons-nous un moment pour expliquer au lecteur non-bougnoule ce concept très marocain :

Un enfant de la rue :

Il s’agit d’un homo sapien de nationalité marocaine qui n’a pas atteint l’âge adulte et qui circule librement et de manière totalement autonome dans les rues. Cette initiation très précoce aux malheurs de la vie lui permet de zapper carrément l’adolescence et de passer directement à l’âge adulte.

Ces enfants posent un souci esthétique majeur : l’écrivain epsilon, habitué qu’il est à les décrire en des termes très positifs, avec des métaphores divines et autre bullshit habituel devrait rapidement changer de champs lexical. Il est impossible dans ces conditions de faire, par exemple, la description suivante :

“Il avait un regard angélique comme seuls les enfants peuvent en avoir. Orné de petits yeux dont semblait couler tout ce qui reste d’innocence dans ce bas monde, son visage s’illuminait souvent d’un sourire captivant, de ceux qui nous font oublier nos misères et nos problèmes, dans une sincère et insistante invitation à la béatitude.”

Ce que ces enfants m’inspirent personnellement, je veux dire, à part le dégoût, c’est plutôt ce véridique récit:

“Moche, fourbe, cannibal à force d’ ingurgiter quotidiennement des quantités non négligeables de sa propre morve, Z’riwi, enfant de la rue de mère inconnue et de père bourré au moment des faits, s’approcha dangereusement de ma voiture en dissimulant ses basses intentions de vol derrières quelques larmes noircies après s’être écoulées sur son sale visage, en sollicitant, osa-t-il, ma bonté, en prenant Dieu à témoin (sic, ce bâtard ! ) pour que j’achète son paquet de kleenex au prix franchement élevé de 4dhs, tout en gardant un oeil avide et criminel sur mon pain au chocolat de chez Paul. Z’riwi, le ventre rongé par la faim, les poumons et les neurones ravagés par les drogues, poussa l’impolitesse jusqu’à tendre sa sale main à l’intérieur du véhicule ! Mais que fait le Makhzen ? Du temps de feu Driss Basri, qui mourut malheureusement trop tôt, les forces auxiliaires “ramassaient” ces déchets humains pour les mettre je ne sais où, en tout cas quelque part où ils n’importuneraient pas par leur misère mon insouciance bourgeoise.

Toujours est-il que j’ai entrepris de remonter la vitre, en espérant infliger quelque douleur à cet impertinent, ou au mieux, lui couper carrément sa main cleptomane. Mais il semblerait que les ingénieurs occidentaux aient comploté contre les honnêtes marocains, car dès que la vitre a touché le bras de ce criminel en herbe, elle eu comme pitié de lui, et rebroussa chemin sous le sourire moqueur de la victime qui reçut, rassurez-vous, un torrent d’insultes dignes de sa basse condition de moins que rien.”

Vous voilà donc convaincus, si ce n’était pas déjà le cas, de l’urgence du problème et de la grande nuisance qu’il représente. A moins de trouver une solution immédiate et urgente à ce phénomène, nous ne pouvons compter sur un afflux conséquent de touristes (vous savez, ces gens avec des appareils photos qui vont à eux seuls sauver notre économie).

Le CJDM a donc élaboré un plan, que les nihilistes ne manqueront pas de critiquer en évoquant je ne sais quelle charte de je ne sais quels droits comme ils nous ont habitués à faire, mais comme de toute façon ils ne bénéficient pas de l’accès aux médias nationaux (hi hi), leurs voix aigries se perdront rapidement au milieux d’un flot de dépêches de la valeureuse MAP.

Nous partons d’abord de la réalité du terrain : ces enfants sont de toute manière victimes d’abus sexuels, de violence, de faim, de maladie et autres calamités. Comme nous ne disposons pas de baguette magique, il est difficile de mettre fin à cette réalité et nous allons donc nous contenter d’améliorer légèrement le quotidien de ces enfants.

Ensuite, il s’agit de rentabiliser ce phénomène : au lieu de chercher le développement économique du côté par exemple de l’Alsace en se procurant un TGV de chez tonton Alstom, il suffit de mettre l’accent sur les spécificités locales et la diversité culturelle de notre pays.

Notre proposition est celle-ci : créer des Centres de Prévention de la Délinquance Juvénile dont la gestion sera déléguée à des acteurs privés, et qui auront pour mission d’offrir des services sexuels en toute légalité à des clients pédophiles du monde entier. Bien entendu les tarifs seront conséquents vu que la demande (mais pas que) est rigide : c’est à dire que l’américain pédophile lambda est capable de payer le prix cher pour jouir de cette chair fraîche impunément. Outre le régime fiscal spécial imposé à cette activité et les rentrées conséquentes de devises étrangères, qui nous permettront de rembourser tout ce que le très compétent Monsieur Mezouar a emprunté en notre nom, les créations d’emplois parallèles dans le secteur du tourisme permettra de diminuer le chômage (qui est déjà très bas, 9%) de favoriser donc la consommation et nous sortir du pétrin (je vous fais un dessin ?).

Certes, la mise en oeuvre de ce plan nécessite quelques aménagements législatifs que notre parlement ne manquera pas de faciliter, au nom de l’intérêt suprême de la Nation. Notre diplomatie sera aussi sollicitée pour engager des négociations avec le Saint-Siège, en vue d’offrir des solutions adaptées aux besoins spécifiques du clergé catholique. Ce dernier représente une clientèle potentielle non négligeable qu’il convient de traiter avec tout l’égard qu’elle mérite.

Enfin, nous anticipons déjà les critiques des nihilistes et envisageons de développer une stratégie de communication sur trois axes que nous vous présentons ci-dessous avec quelques éléments de langage:

1 – Ces enfants vivent de toute façon dans la rue, se font baiser le plus souvent sans contrepartie financière ni protection contre les MST. Les enfants internés bénéficieront de cours d’alphabétisation et de soins médicaux en plus de leur procurer toit et nourriture, ce que, pour la plupart, ils n’ont jamais connu. C’est tout dont ils peuvent rêver.

2 – La situation de ces enfants a toujours été catastrophique et personne ne s’en est jamais indigné. Nous ne pouvons nous contenter d’ignorer le problème, en attendant sa résolution éventuelle par le seul concours du hasard. D’ailleurs, nous sommes en droit de nous indigner devant le silence des nihilistes qui s’intéressent plus à des concepts farfelus comme la liberté d’expression que les véritables fléaux de notre société. Nous, au contraire, avons le courage de briser ce tabou et d’apporter une solution viable qui prend en compte les dimensions socio-économiques du problème.

3 – Invoquer le droit à l’image du pays. En effet, c’est une stratégie qui a déjà démontré son efficacité en toute circonstance : il s’agit d’accuser les éventuels détracteurs de notre politique de complot contre le Maroc, en ne pointant du doigt que les aspects négatifs de notre société. L’argumentaire de ces nihilistes est souvent entièrement repris par le Polisario pour nuire à l’image de notre pays.

Au terme de leur séjour, et après avoir considérablement rentabilisé cette enfance, nous pouvons remettre ces enfants, devenus d’apparence adulte, dans leur milieux naturel qu’est la rue. Désormais, ils ne gêneraient plus les touristes par leur âge et pourront se livrer, comme leurs aînés à toutes sortes d’activité légales comme la mendicité.

CJDM, 10/1/2011

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