La nouvelle méthode du Makhzen

Le Maroc a perdu la bataille diplomatique du Sahara Occidental. Depuis l’arrivée du nouvel envoyé spécial du SG de l’ONU, Christopher Ross, le gouvernement marocain est conscient que sa farce de l’autonomie a été enterrée pour de bon. Depuis, les provocations se sont multipliées alternant l’Espagne et l’Algérie. Dans tous ses discours, le roi Mohamed VI n’oublie pas de charger contre le pays voisin. Quant aux sahraouis, leur part est davantage de répression et de mauvais traitements.

Dans le processus de négociations qui a démarré il y a presque 4 ans, les deux parties, le Maroc et le Front Polisario ne peuvent se permettre de bouder les réunions programmées par le diplomate onusien. Après 20 ans de cessez-le-feu et de médiations, s’absenter des négociations supposerait se mettre toute la communauté internationale sur le dos. Le Front Polisario a fait preuve d’une sagesse et d’une capacité de manœuvre sans égal malgré les voix populaires qui contestaient le plan de paix.

La violente attaque contre le camp de Gdeym Izik n’a pas convaincu le Polisario de la nécessité d’arrêter les négociations. Par conséquent, les conséquences de cette attaque ont été catastrophiques pour Rabat. Toute la communauté internationale s’est levé d’une seule voix pour condamner la brutalité marocaine. Le ministre de la communication marocain a, soudain, parlé de « mettre le Maroc à genoux ». La gifle était trop douloureuse et les arguments manquent. Le seul atout que le gouvernement avait dans la poche et qui a été usé à force d’être balancé est la lutte contre le terrorisme.

Depuis quelque temps, le seul espoir de garder le Sahara Occidental sous sa tutelle est de faire passer les sahraouis pour des gens infréquentables, des terroristes et des contrebandiers. Alors, l’équipe de Mohamed VI fait recours au montage vidéo pour montrer un sahraoui en train d’égorger un policier marocain. Fassi Fihri dira au Parlement Européen que les seules victimes de ces évènements ont été les forces de sécurité marocaines. L’adolescent de 14 ans, Najem El Gareh, et le citoyen espagnol Baby Gargar, enterrés par le Makhzen en absence de leurs familles, n’ont jamais existé pour le gouvernement marocain, et celui-ci s’opposera à toute commission d’enquête et interdira l’accès au territoire aux journalistes étrangers pour faire passer son discours mensonger.

Les arguments marocains n’ont convaincu personne, mais le Maroc ne désespère pas. La MAP annoncera ensuite que l’armée marocaine a procédé au démantèlement d’un réseau terroriste dont le dépôt d’armes se trouvait dans les territoires contrôlés par le Front Polisario.

L’alignement du gouvernement de Zapatero aux thèses marocaines n’est plus à prouver, mais il est contraint à la discrétion à cause de la position de l’opinion publique espagnole qui dans les derniers mois n’a pas hésité à se rendre aux territoires occupés pour contribuer à la protection des militants sahraouis des droits de l’homme et dénoncer l’état de siège vécue par la population sahraouie dans les villes sous contrôle marocain.

La presse espagnole a joué un rôle décisif dans le soutien de la société espagnole aux sahraouis. Par conséquent, cette presse doit être visée, discréditée. Ainsi, les illuminés du Makhzen ont envoyé une photo d’enfants palestiniens blessés lors d’un raid israélien contre Ghaza à l’agence espagnole EFE qui l’a immédiatement distribué à ses clients en indiquant qu’il s’agit d’enfants sahraouis victimes de l’attaque contre le camp de Gdeym Izik.

Aujourd’hui, les « génies » de Rabat sont heureux. Le coup de la photo est réussi. La famille des enfants palestiniens va porter plainte contre EFE. Mais le rendez-vous de Manhasset est dans 10 jours et cela aucun coup ne peut l’empêcher si ce n’est l’absence de la délégation marocaine. Parce que la délégation sahraouie sera certainement là. Pour le malheur de Mohamed VI.

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