Société algéro-turque du fer : Le financier sous mandat de dépôt
Quatre proches collaborateurs du PDG en fuite, le Franco-Israélo-Palestino-Algérien Messalha Saïd Youcef, de la société de récupération des déchets ferreux algéro-turque du Fer (ATF) ont été récemment placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le tribunal correctionnel de Annaba. Un d’entre eux, financier de son état, s’était autoproclamé liquidateur de ladite société. Sous cette qualité et bien qu’informé que le patrimoine de la société a été saisi dans sa totalité par le fisc, il a procédé à la vente de tous les biens mobiliers.
Selon nos sources, ces 4 personnes auraient agi à la demande de leur ancien patron. Avec l’aide des services spéciaux marocains et de complices algériens à nos frontières ouest, Messalha Saïd avait quitté clandestinement le territoire national à destination du Maroc au courant de l’été 2010. Il avait été condamné par défaut le 3 novembre 2010 par le tribunal criminel de Annaba à 20 ans de prison ferme, le paiement de 1,55 milliard de dinars, et 1 million de dinars d’amende pour fraude fiscale, fausses facturations et opposition au contrôle des impôts. C’est à partir de Oujda, la ville marocaine frontalière avec l’Algérie où il s’est installé sous la couverture des services spéciaux marocains, qu’il continue de braver les autorités algériennes.
Avant sa fuite, cet homme qui «arrosait» en devises et en dinars des cadres algériens, dont de hauts fonctionnaires, était au coeur d’une formidable machine à financer les campagnes électorales de deux partis politiques algériens et d’un candidat indépendant à Annaba. Outre le salaire des agents formant le réseau de renseignements qu’il avait mis en place durant sa présence en Algérie de 1999 jusqu’à l’été 2010. Le produit des ventes devait servir à la création d’un autre réseau de renseignements ou la redynamisation de l’ancien.
Messalha agirait au profit du Makhzen marocain et son allié le Mossad israélien. Selon des sources judiciaires, interrogé par le juge d’instruction en charge de l’affaire sur la provenance des ordres qu’il recevait, le financier «liquidateur» aurait affirmé qu’il y avait beaucoup de monde mais qu’il ne pouvait citer aucun nom. Pour le reste, il aurait reconnu avec la minutie d’un comptable qu’il était le système mis en place pour vider la société de son contenu.
Une partie des sommes issues des ventes finissait dans ses poches et celles de ses 3 complices. Ce financier a été pendant des années un des principaux collaborateurs de Messalha Saïd Youcef. Il est à l’origine de la colère des travailleurs de ATF qui ont affirmé n’avoir pas perçu leurs salaires et indemnités de licenciement. Mal informés ou bien manipulés, ces derniers avaient pointé un doigt accusateur sur la direction locale des impôts comme étant à l’origine de tous leurs déboires. Ce n’est pas le cas, puisque tout autant qu’eux, l’institution décentralisée du ministère des Finances est également une victime des pratiques du patron d’ATF et de ses complices. C’est du reste ce qu’ont clairement souligné les responsables du même ministère lorsqu’ils ont affirmé que leur institution est en droit de saisir tous les biens d’un contribuable n’ayant pas réglé sa fiscalité définie par les lois de la République.
Apparemment, l’ancien patron d’ATF est resté à ce jour en étroite relation avec ses anciens «amis algériens». Nos sources évoquent des interventions de responsables algériens bien placés dans les rouages de nos administrations pour remettre sur rail le réseau qui s’est mis en veilleuse. Pas tellement, puisque les travailleurs sont harcelés par des manipulateurs pour «faire du bruit» devant le siège de la direction des impôts de la wilaya de Annaba et pourquoi pas… une émeute. C’est dire que cette affaire ATF n’est pas prête de s’achever et ce, bien que le principal mis en cause ait été condamné et qu’il soit en fuite. Pour ces mêmes sources, Messalha a de quoi faire «chanter» certains responsables et des élus locaux et nationaux ayant profité de ses bienfaits en monnaie sonnante et trébuchante. Il est même question d’implication d’un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur et d’un imam. L’un comme l’autre auraient perçu de fortes sommes d’argent, séjours tous frais payés à l’étranger et autres cadeaux.
Lors de la perquisition effectuée au siège d’ATF, s’ils ont pris en charge les disques durs des microordinateurs, les enquêteurs n’ont pas pris la peine de s’intéresser aux registres et autres carnets de notes. Messalha y notait tous les mouvements de fonds qu’il était le seul à maîtriser dans sa nébuleuse société. C’est dans ces registres et carnets que sont indiqués les «dons» versés aux élus, fonctionnaires et cadres locaux et nationaux. Etonnante omission s’il en est qui démontre qu’en matière de corruption, la justice a rarement toutes les pièces en main.
A. Djabali
La Nouvelle République, 13/1/2011
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