Suite à la révolution tunisienne et aux manifestations qui embrasent l’Egypte, le Yémen et la Jordanie connaissent aussi des incidents. Peut-il y avoir une révolution dans tous les pays arabes, du Maroc à la Syrie, en passant par l’Algérie, la Libye ou les émirats arabes ? Petits descriptifs de ces états arabes, de leur régime politique et de leur situation économique. Le Maroc peut-il se révolter ?
Quels sont les pays de la Ligue Arabe ?
Voici, par ordre chronologique d’adhésion, les 22 pays de la Ligue Arabe : Egypte – Irak – Liban – Arabie Saoudite – Syrie – Jordanie – Yémen – Libye – Soudan – Maroc – Tunisie – Koweït – Algérie – Bahreïn – Qatar – Emirats arabes unis – Oman – Mauritanie – Somalie – Autorité palestinienne – Djibouti – Comores
Certaines populations pourraient prochainement être tentées par la révolution « à la Tunisienne »…
Maroc : le Maroc est bordé par l’Atlantique et la Méditerranée et est frontalier de l’Algérie et de la Mauritanie. Le Maroc compte 32 millions d’habitants et sa capitale est Rabat. Le régime politique est une monarchie constitutionnelle ou plutôt une monarchie héréditaire avec comme roi, Mohammed VI qui a de très nombreux pouvoirs et qui nomme le premier ministre. Ancien protectorat français et espagnol, le Maroc est la 2me puissance économique du Maghreb derrière l’Algérie et la 2me place boursière africaine derrière celle du Cap en Afrique du Sud.
Problèmes et atouts du Maroc : le Sahara occidental contrôlé par le Maroc mais dont la souveraineté n’est pas reconnue par l’ONU. L’économie du Maroc est tirée par le tourisme et l’agriculture avec un PIB par habitant en constante augmentation et par l’implantation d’entreprises européennes profitant de bas salaires et d’une politique fiscale attrayante. Pourtant, le chômage important (entre 9 et 15 % selon les chiffres) et il existe une forte économie parallèle avec le travail au noir donc peu de protections sociales. On note de grandes différences entre les plus pauvres et les plus riches, entre les stations de vacances pour les occidentaux et les villages pauvres. Comme en Tunisie, l’on trouve au Maroc plus de 100 000 jeunes diplômés et chômeurs. Si le travail des enfants est interdit, il perdure encore dans les quartiers pauvres et les villages isolés du Maroc. Le Maroc est aussi le plus grand producteur mondial de cannabis ce qui entraîne des trafics en tout genre.
Les Marocains peuvent-ils se révolter ?
Avant la révolution tunisienne de ces dernières semaines, beaucoup pensaient que les Marocains allaient les premiers se révolter. En effet, il s’agit d’un pays très pauvre, quoi qu’on en pense, avec 3 000 dollars de revenus par an et par habitant mais c’est une moyenne car 7 millions de personnes vivent avec 2 dollars par jour, 90 % des habitants ont moins de 270 euros par mois. On note aussi de très fortes inégalités. Les premières manifestations étudiantes datent de 2004 au Maroc et ont été réprimées devant le Parlement. Les jeunes diplômés se rassemblent fréquemment pour demander des emplois. Déjà, en 2007, plusieurs d’entre eux avaient essayé de s’immoler par le feu, soit bien avant les événements de Tunisie. Les émeutes de la faim ont aussi ébranlé le Maroc en 2007 et le gouvernement avait subventionné les produits de première nécessité (le pain, l’huile, le sucre) mais aussi l’essence. En 2009, des violences ont éclaté à Sidi Ifni et aussi à Casablanca, la plus grande ville économique du royaume du Maroc. Fin 2010, c’était au tour de Al Hoceima, de Mohammedia , de Tinghir ou de Laâyoun au Sahara occidental de connaître des manifestations violentes et des affrontements avec la police. Tous ces mouvements sont pour l’instant disséminés sans de vraie coordination générale au pays. La croissance de 4 % du pays n’est pas suffisante pour offrir du travail aux jeunes diplômés et en outre, les récoltes ont été mauvaises en 2010. Ainsi, le climat social s’aggrave au Maroc.
Cela dit, le roi Mohammed VI rassemble quand même le peuple car il fait beaucoup au plan social et la presse semble libre au Maroc, au contraire de la Tunisie. Les efforts du roi sont cependant encore insuffisants car très peu de personnes cotisent pour leur retraite par exemple ou sont couvertes par une assurance maladie. On reproche aussi au roi et à ses conseillers de concentrer les pouvoirs et les politiques sont déconsidérés avec une très forte abstention lors d’élections. C’est ainsi que l’on note une poussée du PJD (parti de la justice et du développement), un parti islamiste modéré qui reconnaît pourtant la prédominance du roi. Seule, l’association islamiste « justice et bienfaisance » s’oppose au roi.
Rien ne dit donc qu’une révolte des Marocains soit impossible car, si on ne peut comparer le régime politique marocain au système mis en place par Ben Ali en Tunisie, les motifs de mécontentements sont nombreux au Maroc.
CDpresse, 30/01/2011
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