Maroc: le cousin du roi prédit une vague de protestation

Caricature: Baraka News
Le Maroc ne fera « probablement pas exception » parmi les pays arabes après la révolution tunisienne et les manifestations qui secouent actuellement le pouvoir en Egypte, a estimé lundi le cousin du roi du Maroc Mohammed VI, le prince Moulay Hicham.
Surnommé le « prince rouge » car critique vis-à-vis de la monarchie marocaine et du système politique dans ce pays, Moulay Hicham souligne, dans une interview au journal espagnol El Pais, que le « Maroc n’a pas été encore atteint » par la vague de contestation sociale et politique qui secoue les pays arabes.

« Mais il ne faut pas se tromper : presque tous les systèmes autoritaires seront affectés par la vague de protestation. Le Maroc ne sera probablement pas une exception« , estime le cousin germain de Mohammed VI.

« Reste à voir si la contestation sera sociale ou bien aussi politique et si les formations politiques, influencées par les récents événements, bougeront » commente encore cet homme de 46 ans, qui occupe la troisième place pour la succession au trône du Maroc.

Le prince Moulay estime que dans ce pays la « dynamique de libéralisation politique entamée à la fin des années 90 a pratiquement pris fin. Redynamiser la vie politique marocaine dans le contexte régional, en évitant les radicalismes, sera un grand défi« .

La révolution tunisienne et les manifestations égyptiennes représentent une « rupture par rapport aux schémas antérieurs » n’ayant « aucun caractère religieux« , « anti-impérialiste » ou « anticolonialiste« .

« L’Europe doit se réveiller, arrêter d’appuyer des dictatures qui ne sont pas viables et appuyer à fond les mouvements qui aspirent à un changement durable« , estime encore le prince Moulay.

Les autorités marocaines veulent prévenir toute tentation d’établir un parallèle avec l’Egypte et la Tunisie.

Dimanche, le gouvernement a démenti avec fermeté avoir rappelé des troupes déployées dans le Sahara occidental pour parer à d’éventuelles manifestations dans des villes marocaines, comme l’affirmaient des médias espagnols.

Le ministre des Affaires étrangères Taieb Fassi Firhi a convoqué l’ambassadeur d’Espagne et eu un entretien avec le chef de la diplomatie espagnole pour leur exprimer l' »indignation » du Maroc face à ces « agissements irresponsables« .

La situation en Egypte faisait lundi la Une de la plupart des journaux, et de nombreux Marocains sont restés collés à leurs téléviseurs ces derniers jours pour suivre – notamment sur la chaîne satellitaire al-Jazeera – les manifestations de masse contre le pouvoir du président Hosni Moubarak.

Mais, hormis un rassemblement prévu lundi en fin d’après-midi devant l’ambassade d’Egypte à l’appel de plusieurs ONG, aucune manifestation publique de solidarité n’avait eu lieu pour l’instant.

Un débat sur l’éventualité d’une contagion au Maroc des événements de Tunisie et d’Egypte agite néanmoins la presse marocaine.

Dans une interview au Nouvel Observateur, Aboubakr Jamai, fondateur d’un journal critique aujourd’hui disparu, le « Journal hebdomadaire« , a ainsi suscité une levée de boucliers dans plusieurs journaux proches du pouvoir.

M. Jamai estime notamment dans cette interview que « si le Maroc s’embrase, la disparité des richesses y est telle que la révolution y sera beaucoup plus sanglante qu’en Tunisie« .
Certains organes de presse trouvent un « plaisir jubilatoire à faire le parallèle entre ce qui s’est passé en Tunisie et la situation au Maroc. Ils connaissent mal leur pays« , a écrit pour sa part l’hebdomadaire francophone la Vie éco.

Belga
RTBF.BE, 31/01/2011

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