Paris se distinguera-t-elle encore ?

LE SULTAN MOHAMED VI, commandeur des croyants, n’est pas bien respectueux des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, nous confie le département d’Etat américain. Nous, en Algérie, on l’a toujours su comme on l’a toujours dit. Depuis les bombardements d’Oum Dreiga, où les populations civiles fuyaient la soldatesque marocaine au moment de l’invasion du pays il y a 35 années de cela. Des sauvageries que le département d’Etat américain connaît très très bien mais dont il n’a jamais pipé mot comme s’il s’agissait d’un sujet honteux et non pas de crimes contre l’humanité qu’il fallait dénoncer et faire cesser. Le dernier rapport du département d’Etat évoque l’assaut meurtrier conduit en novembre dernier par les forces marocaines à Gdeim Izik, un campement de quelque 20 000 civils sahraouis près d’El-Aaiun, la capitale du Sahara occidental.
Les grandes capitales occidentales, promptes à aller régler sa cravate à Kadhafi, préférèrent détourner le regard et observer comme de coutume dans ces cas un silence complice. Le Polisario et les ONG pouvaient protester autant qu’ils voulaient, cela ne changeait rien, le roi avait averti que tout Sahraoui qui n’épousera pas fidèlement ses pensées sera traité tel un «traitre». A ses yeux, les Sahraouis ne pouvaient être autre que ses sujets. Le roi pouvait se permettre toutes les incartades, comme Israël, il bénéficiait de l’impunité.
Au Conseil de sécurité de l’ONU, la France de Sarkozy lui assure, toute honte bue, un appui immoral, allant jusqu’à s’opposer à un élargissement des prérogatives de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) qui permettrait la protection des droits de l’homme dans les territoires occupés. «Il est inacceptable que la MINURSO continue à être la seule mission de l’ONU à travers le monde sans mandat de protection des droits de l’homme», relevait hier à Berlin M. M’hamed Kheddad, haut dirigeant du Polisario. Empêcher la mise en place d’un mécanisme de surveillance de la situation des droits humains au Sahara Occidental n’est peut-être pas un acte très glorieux mais il permet quand même à Paris de… faire la différence.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr

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