Une solution pour le Sahara Occidental

Les événements récents arrivés en Tunisie, en Égypte et en Libye mettent en évidence l’instabilité existante en Afrique du Nord et le rôle inopérant que l’Espagne joue au Maghreb. On pourrait penser, si nous arrêtons sur l’inertie historique récente, que notre pays est attaché des pieds et des mains pour développer une action politique autonome après avoir manqué d’arguments diplomatiques pour la développer. Au contraire, l’Espagne a une accumulation de facteurs en sa faveur qui seulement avec la volonté politique de les utiliser réussirait à introduire un facteur de stabilité dans la région.

L’instabilité politique existante en Espagne et au Portugal en 1975, ainsi que les alliances de l’Algérie et de la Libye avec l’URSS, qui ont été les principaux arguments qui ont motivé l’appui des USA à Hassan II pour s’emparer du Sahara Occidental, ont disparu suite à la stabilité ibérique et la fin de la guerre froide. Ce soutien inconditionnel au Maroc, auquel allait se joindre la France, a influé très négativement sur le respect des Droits de l’homme dans la région. En 35 ans le sultan a été incapable d’intégrer une petite population nomade, malgré qu’elle a la même culture et religion, il n’à été intéressé qu’à l’exploitation de ses ressources naturelles et à l’élargissement de son territoire.

La stabilité au Maghreb ne pourra réussir que par la création d’un climat de coopération politique, économique et social entre les pays qui le composent et non pas avec le renforcement de l’un d’eux au détriment des autres. L’intégrisme islamique ne sera une vraie menace à la stabilité régionale que si ces pays échouent dans la modernisation de leurs structures sociales et dans la distribution de richesse. Par conséquent, la lutte contre la corruption et pour obtenir la division de pouvoirs sont les objectifs les plus idoines pour contrecarrer le radicalisme islamique, dernier espoir d’un grand nombre de maghrébins pour échapper à la misère morale et matérielle, à laquelle les condamnent leurs régimes despotiques.

La menace islamique ne dépend pas de si le Sahara soit indépendant ou non, mais des conditions de vie à laquelle sont soumis plusieurs millions  de déshérités.  

Le droit du peuple sahraoui à san libre autodétermination est l’un des principes constitutifs de l’ONU. Ce droit ne peut pas être ignoré. Ni substitué par aucune proposition d’autonomie, comme celle offerte par Mohamed VI, puisque l’autonomie ne peut pas être accordée à un territoire sur lequel il n’a aucune souveraineté. L’occupation marocaine a lieu grâce à l’appui des USA, rien de plus. La non application au cas sahraoui de la Charte de San Francisco, a pu avoir alors une explication d’intérêt stratégique, aujourd’hui il n’est que le résultat d’une inertie diplomatique sans aucun fondement pragmatique qui puisse justifier le fait de priver les sahraouis de l’application de la légalité internationale à leur cas.

Pour l’ONU, l’Espagne est la puissance administratrice et sa présence au Sahara était avalisée par les traités de Berlin (1885) et d’Algésiras (1912). Le Maroc n’a pas de reconnaissance de la communauté internationale pour être là, seulement l’appui factuel des USA et de la France, qui fonctionne paisiblement grâce à l’inhibition de l’Espagne. La passivité de l’ONU avec le Maroc, en lui permettant de violer d’une manière systématique ses Résolutions et en empêchant la MINURSO de se doter de compétences pour contrôler et défendre les DDHH au Sahara Occidental, met en question d’une manière grave la crédibilité de l’organisation pour gérer la crise, et ce qui est plus grave, sa raison d’être même. D’un autre côté, l’inaccomplissement systématique de l’ONU  pour faire respecter ses propres Résolutions, légitime le retour à la lutte armée du peuple sahraoui pour faire valoir son droit. Qui serait dans les temps actuels le choix préféré par Rabat, puisqu’il lui permettrait d’accuser le Front Polisario d’être lié à Al Qaeda.

Dans sa qualité de puissance administratrice, et vu l’échec de l’ONU et des puissances qui sponsorisent cette occupation illégale du Sahara, l’Espagne doit solliciter du Conseil de Sûreté sa nouvelle intervention pour arrêter la violation des Droits de l’homme au Sahara, ainsi que d’offrir l’intervention de l’armée espagnole comme  force onusienne pour faire accomplir les résolutions du Conseil de Sécurité même, qui ont été inaccomplies d’une manière réitérée. Il est plus logique que nos troupes mettent le casque bleu au Sahara qu’au Liban. L’habitude de certains hommes politiques incompétents, d’être joyeusement impliqués dans des conflits internationaux étranges à nos intérêts, tandis qu’ils évitent d’agir dans les contentieux qui nous regardent directement, est le chemin sûr d’atteindre les plus hauts sommets de la perte de prestige international, qui est l’endroit auquel, malheureusement, nous nous trouvons.

Cette option est politiquement viable, place notre nation dans le lieu qui lui correspond comme défenseur de la légalité internationale et du peuple sahraoui qu’elle a abandonné un jour à cause de son extrême faiblesse interne. Aujourd’hui l’échec caractérise les prévisions de stabilité régionale et de progrès social pensées pour le Maghreb par les USA et la France et les politiques d’intégration des sahraouis au Maroc dessinées par le sultan. Je ne vois qu’une violation systématique des Droits de l’homme et la négation à un petit peuple à atteindre la liberté.

Les arguments pour l’action politique restent bloqués, il faut seulement un gouvernement courageux qui a un sens de l’État et qui soit disposé à récupérer notre prestige international dans la défense du Droit.   

Note de la Rédaction :

L’article de notre collaborateur Diego Camacho López-Escobar a constitué une matière de délibération au sein des séances préliminaires d’ADA (l’Association pour le Développement de l’Afrique; en voie de constitution).
Avec le degré d’opinion, propre de tout écrit original, le texte a été assumé comme un document à prendre très en compte pour avancer dans les délibérations internes sur les problèmes qu’il aborde; et, aussi, comme proposition, depuis un projet de forum, pour une participation ouverte au-delà des promoteurs d’ADA, libre et dialogante, dans la sphère publique.
L’auteur est colonel de l’Armée, diplômé dans les Opérations Spéciales.

Diego Camacho Lopez-Escobar

Source : Espacios Europeos, 18/04/2011

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