L’incapacité de l’ONU et le Sahara Occidental

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies se réunira dans les jours prochains pour proroger le mandat de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (Minurso) et pour l’énième fois débattra la possibilité d’élargir ses prérogatives pour avoir un mandat concret de défense des droits de l’homme dans le territoire envahi par le Maroc.

Le Secrétaire général Ban Ki-moon a présenté son rapport dans lequel il a mentionné encore une fois l’échec des négociations informelles et officielles entre le Maroc et le Front Polisario (représentant unique du peuple sahraoui reconnu par l’ONU) qui « se trouvent dans une impasse et n’ont pas enregistré des progrès » et il fait appel aux parties pour qu’ils procèdent à des négociations avec des « points de vue innovateurs », pour réaliser l’autodétermination de la nation sahraouie.

La « dernière » du Maroc est d’avoir inventé un concept singulier sur la libre détermination, qui ne contemple pas l’indépendance, mais une autonomie (?) … En contrepartie, le Front Polisario accepte que dans le référendum l’autonomie ou l’annexion soit incluses au Maroc et l’indépendance c’est-à-dire ce que le peuple sahraouie décide.

Rabat ne veut pas l’indépendance du Sahara Occidental parce qu’il pille ses richesses minérales et le gigantesque banc marin, alors il bloque par tous les moyens le référendum. Il ne désire pas non plus que la Minurso ait des attributions sur les droits de l’homme parce que cela dévoilera sa politique de nettoyage ethnique, au meilleur style nazi, contre le peuple sahraoui qui n’est pas marocain.

Pour cela, il aura recours à son protecteur, la France, pour qu’elle utilise son pouvoir de veto dans le Conseil de Sécurité, qui deviendra à nouveau son complice des abus, comme c’était le cas au mois de novembre dernier, après le massacre marocain dans le camps sahraoui de Gdaim Izik, le Conseil de Sécurité a voté pour quatorze votes contre un la désignation d’une commission internationale d’enquête sur les droits de l’homme, qui a échoué par le veto français. Quelle honte!

Dans cette occasion, Ban Ki-moon a mis en évidence la violation des droits de l’homme dans les camps de Gdaim Izik, en contrecarrant toute l’offensive médiatique du Maroc qui prétendait que les blessés et morts étaient de ses « forces de sécurité ». De nouveau et dans un document officiel de l’ONU on l’a démasqué parce qu’ils ont assassiné des dizaines – parmi eux un enfant de 14 ans, ils ont blessé des centaines et beaucoup ont été emprisonnés.

Bien que Ban Ki-moon a avancé un peu en dénonçant ce fait, il a manqué de grandeur et de courage pour recommander au Conseil de Sécurité que la Minurso soit dotée d’un pouvoir pour veiller aux droits de l’homme. Il a sollicité avec timidité que ce soit le rôle du Conseil des Droits de l’Homme, qui ne fait que des visites sporadiques et n’a pas de bureau dans le territoire sahraoui envahi par le Maroc. L’on attend que dans les débats du Conseil de Sécurité, le Nigeria et l’Afrique du Sud soutiennent l’agrandissement des prérogatives de la Minurso, mais le veto de la France plane, ce pays qui bombarde la Libye en causant des centaines de morts civils et est incapable d’appuyer la défense des droits de l’homme des sahraouis.

C’est dommage que Ban Ki-moon ne dise jamais que « le Maroc entrave l’autodétermination du Sahara Occidental », consacrée dans des centaines de résolutions de l’ONU, contrairement à son envoyé personnel, l’ambassadeur Christopher Ross, qui en juillet passé a exprimé sa frustration avec l’attitude du Maroc.

Il n’a pas non plus rappelé la sentence claire et sans objection de la Cour Internationale de Justice De la Haye, du 16 octobre 1975 qui a déclaré : « la conclusion du Tribunal est que les matériels et l’information qui lui ont été présentés n’établissent aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara Occidental et le royaume du Maroc ou l’entité mauritanienne. C’est pourquoi, le Tribunal conclut qu’il n’a pas trouvé les liens juridiques de telle nature qui peuvent empêcher l’application de la résolution 1514 un (XV) de l’Assemblée Générale à la décolonisation du Sahara Occidental et, en particulier, au principe d’autodétermination à travers de la libre expression de la volonté des peuples du territoire ».

L’ex-envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental de 1997 à 2004, James Baker, après avoir renoncé à sa mission a remarqué que la difficulté principale devant la résolution de ce problème est le désintéressement des pays à le résoudre. Les puissances ne veulent pas faire pression sur le Maroc. Beaucoup d’états, y compris le Pérou, appliquent le « facillisme » et le désintéressement : ils laissent tout simplement le processus dans les mains de l’ONU.

Le statu quo n’est pas acceptable. Quand nous avons été en décembre dernier dans les Camps de Réfugiés Sahraouis de Tindouf, en Algérie, nous avons été témoins de l’impatience des jeunes – ils ont déjà 35 ans dans l’aride désert – : ils voulaient reprendre les armes  à cause de l’indifférence de l’ONU, qui attend lamentablement un meurtre, que des milliers meurent, comme en Bosnie, pour intervenir.
Par: Ricardo Sánchez-Serra
Collaborateur
La Primera, 24/04/2011

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