L’Algérie plaide pour la réunion des conditions pour une ouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc. Il paraîtrait qu’il y aurait plus de raisons de les ouvrir que de les laisser fermer. La fermeture des frontières bloque l’avancée des négociations de coopération économique, bloquant ainsi la construction du grand Maghreb. Ne serait-ce pas un projet trop grand pour les pays du Maghreb que de décider de faire cette union que l’on sait pourtant impossible? Les dirigeants s’étaient consultés et n’avaient pas pu.
Les peuples, quant à eux, n’ont jamais été consultés à ce sujet. Pourtant, les dirigeants parlent d’un Maghreb des peuples. En juin 1988, à Zéralda, au lendemain de la clôture du sommet de la Ligue arabe, les cinq dirigeants des pays du Maghreb, en présence du roi de l’Arabie Saoudite, avaient tous affirmé que la question du Sahara occidental ne pouvait nullement en constituer un obstacle. Et pourtant, cette vision n’avait pas été confirmée sur le terrain.
Le blocage politique des négociations entre le Polisario et le Maroc entrave le processus de construction du Maghreb à la fois sur le plan politique et sur celui de l’économie. Tous ceux qui avaient suivi avec admiration le rôle qu’avait joué la France au Conseil de sécurité de l’ONU pour promouvoir le droit international dans l’agression que s’apprêtait à commettre l’hyper puissance américaine contre l’Irak espéraient qu’enfin, la justice . Internationale serait une préoccupation qui influerait sur toutes les décisions onusiennes. Il aurait fallu que dans le cas du Sahara occidental, qu’une puissance comme la France s’en tienne à la résolution des Nations unies, elle qui avait travaillé au sein du conseil de sécurité de l’ONU à la promotion du droit international dans le cas de la guerre contre l’Irak. La France avait ouvert la voie à l’espoir mais l’a refermée avec sa position dans l’affaire sahraouie.
Les populations sahraouies souffrent à double raison. Pas de souveraineté politique sur leur Etat car encore colonisées au troisième millénaire bien amorcé, pas de souveraineté sur leur devenir économico-social pour cause de colonisation de leur pays. Pourra-t-on réellement dire, maintenant, après la position de la France sur la question du règlement du conflit Maroc- Polisario, qui a révélé un parti pris flagrant en faveur du Maroc, que le projet de l’Union méditerranéenne est sur la bonne voie ? Il est vrai qu’un tel projet nécessite que les conflits dans toute cette zone cessent et que s’installe la stabilité politique comme préalable à la stabilité économique et à la réunion des conditions d’une coopération qui pourrait être poussée jusqu’ à la possibilité de penser à une intégration économique.
Toutes les questions sont sensibles dans cette zone, aussi bien la question du conflit israélo-palestinien que celle du conflit dans le Sahara occidental. La France a tout fait rater. Pour elle-même également car c’est dans le respect du droit international qu’elle pourra retrouver son rôle moteur de la construction de l’Europe et de l’Union pour la Méditerranée. Mais, veut -elle continuer à jouer ce rôle ?
N.B. Le Maghreb, 28/04/2011
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