Le 53e anniversaire du congrès historique de Tanger (27-30 avril 1958), au cours duquel le FLN algérien, le Destour tunisien et l’Istiqlal marocain ont pris l’option de l’Union maghrébine, ne donne pas lieu à une commémoration particulière. Cela ne tient pas à un fâcheux oubli ou à un méprisant désintérêt. La raison est très prosaïque : il n’y a pas grand-chose à commémorer si l’on refuse de se saouler aux mots des diplomates qui vous jurent que l’Union du Maghreb avance
L’état de réalisation d’une idée qui a l’âge de nos indépendances est trop négligeable. En réalité, il n’y a que quelques structures bureaucratiques vides qui indiquent le niveau où sont parvenus les Etats. Et il reste l’idée du Maghreb, étonnamment vivace en dépit des années de bouderies d’Etat et d’interdiction de relations directes entre les sociétés.
Si le Congrès de Tanger continue de faire «sens», cela tient à cette extraordinaire permanence de l’idée maghrébine qui reste jeune, même si ceux qui nous gouvernent l’ont gâchée. Comme on avait gâché l’opportunité du 50e anniversaire du congrès pour tenter de négocier un nouveau départ.
Il y a dans l’absence de manifestations de commémoration pour ce 53e anniversaire un silence de sagesse. Et peut-être une espérance que cette jeunesse – le gros de la société dans tous nos pays – qui cherche à exister en se battant de manière multiforme, trouvera le moyen de faire céder les faux murs érigés par des systèmes faussement dissemblables. En bousculant les ordres établis, ces jeunesses, du moins l’espère-t-on, pourront ouvrir un raccourci dans une histoire qui a été anormalement allongée et entravée.
En attendant, il faut prendre note des « signes » d’une tentative de dégeler les choses et de remettre en marche la relation entre l’Algérie et le Maroc, deux pays dont les inimitiés d’Etat, aussi tenaces que celles des vieux couples, ont très largement contribué au blocage du processus maghrébin. L’ébauche d’une reprise d’une coopération sectorielle dans des domaines importants – énergie, agriculture – n’est pas à minimiser. C’est toujours mieux que rien.
Mais il ne faut pas se leurrer. Ces relations restent marquées par le fait qu’il n’existe pas, sur la question du Sahara Occidental, de possibilité de compromis entre les positions. Cela fait des décennies que ce constat a été fait. Il restait toujours la voie réaliste qui consiste à convenir que, du moment que ce dossier est pris en charge par l’Onu, il peut être soustrait de la relation bilatérale et cesser de l’envenimer et de la rendre impossible.
Cette approche réaliste reste, encore aujourd’hui, le seul moyen d’avancer sans attendre une hypothétique solution de la question du Sahara Occidental. La piste a été proposée, elle a été rejetée et personne n’y a gagné. Elle semble aujourd’hui – la prudence est de mise – être empruntée par Alger et Rabat pour essayer de faire avancer les choses là où cela est possible. Ce n’est pas enthousiasmant, mais il n’existe pas, à l’heure actuelle, de meilleure piste.
Par K. Selim
L’état de réalisation d’une idée qui a l’âge de nos indépendances est trop négligeable. En réalité, il n’y a que quelques structures bureaucratiques vides qui indiquent le niveau où sont parvenus les Etats. Et il reste l’idée du Maghreb, étonnamment vivace en dépit des années de bouderies d’Etat et d’interdiction de relations directes entre les sociétés.
Si le Congrès de Tanger continue de faire «sens», cela tient à cette extraordinaire permanence de l’idée maghrébine qui reste jeune, même si ceux qui nous gouvernent l’ont gâchée. Comme on avait gâché l’opportunité du 50e anniversaire du congrès pour tenter de négocier un nouveau départ.
Il y a dans l’absence de manifestations de commémoration pour ce 53e anniversaire un silence de sagesse. Et peut-être une espérance que cette jeunesse – le gros de la société dans tous nos pays – qui cherche à exister en se battant de manière multiforme, trouvera le moyen de faire céder les faux murs érigés par des systèmes faussement dissemblables. En bousculant les ordres établis, ces jeunesses, du moins l’espère-t-on, pourront ouvrir un raccourci dans une histoire qui a été anormalement allongée et entravée.
En attendant, il faut prendre note des « signes » d’une tentative de dégeler les choses et de remettre en marche la relation entre l’Algérie et le Maroc, deux pays dont les inimitiés d’Etat, aussi tenaces que celles des vieux couples, ont très largement contribué au blocage du processus maghrébin. L’ébauche d’une reprise d’une coopération sectorielle dans des domaines importants – énergie, agriculture – n’est pas à minimiser. C’est toujours mieux que rien.
Mais il ne faut pas se leurrer. Ces relations restent marquées par le fait qu’il n’existe pas, sur la question du Sahara Occidental, de possibilité de compromis entre les positions. Cela fait des décennies que ce constat a été fait. Il restait toujours la voie réaliste qui consiste à convenir que, du moment que ce dossier est pris en charge par l’Onu, il peut être soustrait de la relation bilatérale et cesser de l’envenimer et de la rendre impossible.
Cette approche réaliste reste, encore aujourd’hui, le seul moyen d’avancer sans attendre une hypothétique solution de la question du Sahara Occidental. La piste a été proposée, elle a été rejetée et personne n’y a gagné. Elle semble aujourd’hui – la prudence est de mise – être empruntée par Alger et Rabat pour essayer de faire avancer les choses là où cela est possible. Ce n’est pas enthousiasmant, mais il n’existe pas, à l’heure actuelle, de meilleure piste.
Par K. Selim
Le Quotidien d’Oran, 28/04/2011
Soyez le premier à commenter