Maroc : L’occasion pour l’UE de soutenir les réformes démocratiques

Par Nika Prislan

Le Maroc, comme tous les pays d’Afrique du Nord, a également été atteint par le «printemps arabe» ces derniers mois. Cependant, la manière dont ce printemps est arrivé au Maroc a été différente de celle de la Tunisie et de l’Egypte, et par conséquent, son développement a été différent de celui de ses voisins. Pour cette raison, le printemps marocain donne à l’UE l’occasion d’être un partenaire clé pour promouvoir une véritable démocratisation du pays.

En fait, le Maroc pourrait être le pays du «printemps arabe» où l’UE pourrait le mieux agir. «Une opportunité pour les réformes: comment l’UE peut soutenir une évolution démocratique au Maroc » est la dernière publication écrite par Susi Dennison, du ECFR, Nicu Popesu et José Ignacio Torreblanca, qui parle des mesures que l’UE pourrait prendre pour s’assurer que le pays le plus proche de l’UE en Afrique du Nord réussisse à devenir une démocratie forte et stable pour ses citoyens.
La grande différence entre le Maroc et ses voisins, c’est que les manifestants ne veulent renverser la monarchie, le mouvement du 20 Février veut une réforme démocratique que le règne du roi », mais ne gouvernent pas.

La grande différence entre le Maroc et ses voisins, c’est que les manifestants ne veulent pas renverser la monarchie, le mouvement du 20 Février veut une réforme démocratique où le roi règne mais ne gouverne pas», Ainsi, le Maroc n’est pas un Etat en transition post-révolutionnaire, mais une monarchie autoritaire avec un potentiel pour une évolution vers une démocratie constitutionnelle. Cepepndant, si cette transition ne s’achève pas d’une manière satisfaisante, il y a un grand potentiel de troubles et d’instabilité. La situation intérieure au Maroc est plus radicale que la situation interne en Algérie, en Tunisie et en Egypte. Le PIB par habitant est la moitié de celui de la Tunisie, il occupe le post 96 (sur 120) dans l’indice de pauvreté humaine du PNUD et le taux d’analphabétisme est plus élevé qu’au Soudan ou au Rwanda. Cependant, bien que ces données semblent très graves, l’UE a une grande possibilité d’influencer la situation politique interne au Maroc, en grande partie parce que ce pays occupe une position privilégiée dans la politique européenne de voisinage, très appréciée au Maroc (rappelons que le Maroc a également demandé l’adhésion à l’UE en 1987).

A cause de cela, la Policy Brief examine comment l’UE devrait agir dans ses relations avec le Maroc pour s’assurer que ce voisin européen devienne un exemple des valeurs européennes de la politique étrangère de l’UE. Premièrement, les auteurs recommandent que l’UE fasse pression pour des réformes démocratiques à travers l’Association pour la Prospérité et la Démocratie Partagée, en particulier jusqu’au mois de Juin, date prévue pour que la commission constitutionnelle marocaine présente son rapport. Deuxièmement, le Policy Brief recommande que les États membres de l’UE devraient établir des liens avec les jeunes manifestants à travers les représentants de l’UE au Maroc ou en créant un programme d’échange pour les étudiants marocains. Et troisièmement, les auteurs recommandent que l’UE devrait donner au Maroc des «Préférences Asymétriques de Commerce» puisque l’Accord de libre-échange entre l’UE et le Maroc n’arrive pas à tous les produits que le Maroc exporte vers l’UE.

Pour permettre à l’UE de soutenir le Maroc, l’Espagne ou la France doivent soutenir activement cette politique. L’Espagne, étant le pays le plus proche du Maroc, a toujours eu une relation étroite avec ce pays, principalement parce que le Maroc a contribué à freiner l’immigration clandestine vers l’Espagne et a contribué à la lutte contre le terrorisme djihadiste. L’Espagne, ainsi que la France, ont soutenu sans réserve le Maroc au sein de l’UE, qui qui a permis à ce pays de faire peu ou pas de progrès en ce qui concerne le conflit au Sahara occidental ou les demandes de démocratisation. Il est donc important que l’Union européenne, qui pourrait avoir une influence positive, agisse de façon cohérente et contribue à promouvoir les réformes recommandées qui auraient un coût relativement faible pour l’UE avec des avantages nettement positifs pour les deux parties. Face aux critiques reçus sur sa gestion des révolutions arabes, le Maroc pourrait être le pays où l’UE et sa politique de voisinage soit louée pour ses réussites, et non pas pour ses faiblesses.
Documents d’intérêt: Torreblanca, José Ignacio, Printemps marocain, El Pais, 8 avril 2011 

Source : Conseil Européen pour les Relations Extérieurs, 23/05/2011

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