Le Maroc doit mettre un terme à la répression violente des manifestations

2 juin 2011

Les autorités marocaines doivent s’abstenir de déployer une force excessive contre les manifestants a déclaré Amnesty International le 2 juin, alors que des militants lançaient un nouvel appel à manifester dans tout le pays dimanche 5 juin.
Un grand nombre de manifestants ont été brutalisés par les forces de sécurité au Maroc ces dernières semaines.
Sept personnes sont toujours détenues à Tanger et risquent d’être poursuivies pour des faits en relation avec leur participation aux manifestations.
« L’action des autorités face à des gens qui ne font qu’exercer leur droit à la liberté d’expression et de réunion est d’une sévérité excessive, a déclaré Amnesty International.
« Les forces de sécurité marocaines ne doivent pas reproduire les erreurs des semaines passées, qui ont été marquées par la répression violente des manifestations pacifiques », a ajouté l’organisation.
Les autorités marocaines sont sous pression face au mouvement en faveur du changement dans le domaine politique et des droits humains ; les manifestations se poursuivent depuis le début, le 20 février, de la contestation inspirée des événements se déroulant ailleurs en Afrique du Nord.
Parmi les manifestants figurent des militants politiques, des membres d’organisations de défense des droits humains et des partisans du Mouvement du 20 février, qui, dans la lignée des mouvements en faveur du changement apparus dans la région, réclame des réformes au Maroc.
Les 28 et 29 mai, de nouvelles manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du Maroc, notamment Kenitra, Safi, Fès, Tanger, Casablanca et Salé, pour réclamer des réformes politiques et sociales ainsi que la fin de la corruption.
Elles se sont déroulées dans l’ensemble sans violence. Cependant, Amnesty International a reçu de nombreux témoignages indiquant que des dizaines de manifestants avaient été pris à partie physiquement par des agents des forces de sécurité en uniforme ou en civil. Ils ont été matraqués, frappés avec des bâtons et roués de coups de pied. Plusieurs des victimes, dont des femmes et des enfants, ont été blessées à la tête et au visage.
À Safi, 10 hommes auraient été arrêtés par les forces de sécurité, qui les auraient fait monter dans des voitures et les auraient brutalisés avant de les abandonner dans des endroits éloignés. La plupart ont dû rentrer à pied alors qu’ils souffraient de graves blessures.
Le 25 mai, quelque 8 000 médecins se sont rassemblés pour un sit-in devant le ministère de la Santé à Rabat. Ils avaient l’intention de marcher jusqu’au Parlement. Selon les informations recueillies, les forces de sécurité s’en sont prises à eux physiquement, à coups de pied et de matraque. Au moins 40 personnes ont été blessées. Un médecin de 43 ans a dû subir une opération à la suite d’une fracture du bassin.
Amnesty International a également reçu des informations indiquant que des agents des forces de sécurité allaient voir les familles des membres du Mouvement du 20 février pour les intimider et les menacer.
L’organisation continue également de recevoir des informations selon lesquelles certains manifestants soignés dans des hôpitaux publics ne peuvent pas obtenir une copie des rapports médicaux décrivant leurs blessures et les causes probables de celles-ci, ce qui risque de les empêcher d’obtenir justice et réparation.
Un certain nombre de réformes ont été annoncées en mars, dont la création d’un Conseil national des droits de l’homme. Le roi Mohammed VI a également promis une réforme constitutionnelle et a déclaré qu’il abandonnerait certains de ses pouvoirs politiques.
La dispersion des mouvements de protestation porte toutefois un sérieux coup aux promesses officielles de réforme.

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