«stad el-hout chkoune galli…»
Khaled Nasri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain, nous disait, dans son baratin de jeudi dernier, qu’il espérait une normalisation des relations entre Alger et Rabat, que le Maroc n’avait aucune part de responsabilité dans la mauvaise passe que les deux pays traversent actuellement et que le royaume garde la main tendue envers l’Algérie. «Nassana wa drai’ m’delli… stad el hout chkoune galli», chantait de son vivant le Tunisien Ali Riahi. «Paroles, paroles…», chantait sa contemporaine, la défunte Dalida. Les Algériens disent, depuis la nuit des temps, qu’ils ne veulent plus se voir phagocyter, et qu’il faut rééquilibrer la «fraternité» et partager équitablement ses pertes et ses profits. Tendre une main à la face de l’Algérie et lui planter, de l’autre main, un couteau dans le dos, c’est une hypocrisie que les Algériens ne supportent plus. Pour quels objectifs a-t-on orchestré à partir du royaume une propagande aussi vaste que trompeuse tendant à accréditer l’idée que l’Algérie était partie prenante dans la guerre civile suscitée en Libye ? Des bobards que le président du CNT avait lui-même formellement démentis dans un premier temps, avant que des voix rebelles reviennent de plus belle sur un sujet qui a fini par être pratiquement monopolisé par la MAP et des lobbies marocains. Le libellé du communiqué officiel marocain, pondu en réaction à la franchise d’Ahmed Ouyahia, laisse apparaître toute la subtilité marocaine dans l’art de l’hypocrisie. «Le communiqué rappelle qu’aucun responsable marocain n’a évoqué le rôle de l’Algérie dans la facilitation du recrutement ou du passage des mercenaires vers la Libye», lit-on. Telle que formulée, la phrase confirme «le rôle de l’Algérie… «, alors qu’on aurait pu être neutre et se suffire de parler de présomptions ou d’accusations contre l’Algérie. La MAP a répercuté, en y mettant le jus voulu, toutes les crasses sur le prétendu appui militaire à Tripoli, avant d’être dementie publiquement par le chef de l’AFRICOM autant que par le Foreign Office britannique. Comme attendu, les déclarations n’ont pas été reprises par la MAP, ce qui confirme implicitement, en quelque sorte, le rôle de Rabat dans une propagande réussie autant que Mawazine puisqu’elle est parvenue jusqu’aux portugaises jupées.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 04/06/2011
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