L’économiste et politologue Fouad Abdelmoumni, figure de la société civile, relève que le moment choisi par le roi est le bon: le monarque réagit «sans attendre la confrontation et être obligé de faire des concessions». S’il salue les réformes annoncées, Fouad Abdelmoumni note que de «très grandes questions» restent posées, en particulier sur le rôle futur du roi. S’agit-il du premier pas vers une monarchie parlementaire «où le roi a une autorité symbolique»? Rien ne l’assure, d’autant que le souverain a pris soin, dans son discours, de rappeler sa «sacralité» et son titre de «commandeur des croyants».
Autres «hypothèques sévères» pour le politologue: le «cadenassage systématique» de l’espace médiatique par le monarque, sur lequel rien n’a été dit. Silence, par ailleurs, quant à la composition de la commission chargée de réviser la Constitution. En outre, si elle est invitée «à être à l’écoute» des partis et de la société civile, rien n’oblige cette commission à tenir compte de leurs avis.
Qu’en est-il, d’autre part, des «domaines réservés» – tels que l’armée, la sécurité et le Sahara occidental – traditionnellement placés sous l’autorité du roi? Seront-ils soustraits à la responsabilité du gouvernement? Tant que la population marocaine n’aura pas l’assurance qu’il ne s’agit pas de la part du monarque d’«un effet d’annonce», Fouad Abdelmoumni estime qu’il faut «maintenir la pression».
Enfin, les avis divergent sur Abdellatif Menouni, le juriste que le roi a chargé de travailler à ce chantier de réformes. Certains saluent «sa compétence et son intégrité». D’autres sont très réticents. «Je le qualifierais de constitutionnaliste charitable», s’amuse ainsi un politologue marocain sous le couvert de l’anonymat, rappelant que le juriste a écrit autrefois un ouvrage saluant «la vision constitutionnaliste de Hassan II», alors même que le monarque de l’époque «consolidait les bases d’une monarchie absolue».
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