Pendant des jours et des jours, ils ont voulu terroriser les jeunes du mouvement du 20 février, leurs parents leurs proches
Pour cela, ils n’ont reculé devant aucun moyen : mobilisation des Moqadem, des chioukh, des « baltagia »et autres sbires. Puis se furent les répressions sauvages frôlant la barbarie des 15, 22 et 29 mai qui se sont soldées par des dizaines de blessés et autres traumatismes comme ceux dont devait succomber Kamal Amari.
Ainsi, et selon une enquête de l’ONG belge l’Alliance for Freedom and Dignity (AFD) menée à Safi, le militant du mouvement du 20 février serait mort des suites d’une agression mortelle perpétrée par une nouvelle unité de la police appelée les « Aigles » dont la spécialité est de repérer des manifestants durant les marches pacifiques, puis de les suivre après la manifestation, les arrêter et les tabasser « gratuitement ». Ces « Aigles » interpellent aussi les manifestants avant l’heure des rassemblements ou pendant, les jettent dans des camionnettes banalisées afin de les conduire en dehors de la ville (Minimum 15 km). Lors du trajet, ils sont frappés, insultés, menacés puis délestés de leur carte d’identité, de leur téléphone portable, de leur argent, de leurs chaussures puis laissés dans l’obscurité, loin de tout.
Par ces méthodes, ces pratiques dignes des républiques bananières, le régime croyait pouvoir venir à bout de ce mouvement qui lui semblait relever d’un épiphénomène, voire d’un phénomène de mode.
Un mouvement animé par quelques « ba3aliques », par quelques « brahech » qualifiés par les défenseurs du régime de « pédés », « d’efféminés » de « bouffeurs de ramadan » et par quelques « barhouchates » taxées de « putes », de « males baisées ». Les uns et les autres formant une « cinquième colonne » au service du Polisario et « Chevaux de Troie » aux ordres des ennemies du pays.
Le régime ne s’est pas contenté de ces pratiques barbares, de ce langage ordurier qu’un Khalid Naciri qualifie de « civilisés », mais a tenu à officialiser, par écrit, ses menaces, son terrorisme physique et psychologique et ce en envoyant des lettres officielles aux dirigeants de ce mouvement et des ONG et partis politiques qui soutiennent ces jeunes. Des lettres indiquant que toute manifestation, ou rassemblement étaient interdits sans autorisation préalable, précisant que toute infraction à ces dispositions, mettrait les contrevenants hors la loi. Ceux-ci devant assumer les conséquences de ces manquements à la loi.
Bien entendu le régime n’entendait délivré aucune autorisation.
Ce n’était là, pour lui que simple stratagème, simple subterfuge pour « légitimer » sa teneur et les violations des droits humains, des citoyens et citoyennes.
Malgré cette stratégie de teneur qu’ont avalisé par leur silence la quasi-totalité des partis politiques, ils et elles sont descendus dans les rues de plus de 80 villes et villages. Des dizaines de milliers relevant le défi, passant outre l’interdiction, dépassant la peur, et lapeur de leur peur du makhzen, de ses gros bras, et ses sbires qui n’ont rien à envier aux plus dévoyés et aux plus endurcis des « chmakrias ».
KHALID JAMAI
Ils et elles sont descendus dans les rues conscients des risques et des dangers qu’ils couraient, mais déterminés à faire face aux coups, aux insultes , aux humiliations auxquelles ne manqueront pas de recourir les forces dit de l’ordre.
Ils et elles avaient décidé de payer de leur vie s’il le fallait comme le fit Kamal Amari.
Ils , elles savaient que lorsqu’on accepte de tout perdre, on devient invincible.
Ils et elles sont descendus pour réclamer leurs droit, pour exiger que soient respectées leur dignité, leur liberté, leur choix de société, que soient satisfaites leurs revendications.
Ils et elles ont voulu rendre la honte plus honteuse, de servir de miroir brisé pour le régime. Miroir qui reflétera le vrai visage de la nouvelle ère. Visage odieux, innommable, qui se cachait derrière un masque policé.
Et le monde découvrit, à travers les dizaines de vidéo, relayées par des dizaines de chaines de télévision, la mort en direct de Kamal Amari au visage tuméfié, battu sauvagement qu’il fut par plusieurs policiers le 29 mai à Safi, le passage à tabac d’une citoyenne avec son gamin et de ce jeunes de 15 ans victime d’une horde de flics hystériques, sans oublier la tête ensanglantée de Oussama Khalifi.. .
En un mot les « moyens civilisés » utilisés par les forces de l’ordre et portées au pinacle par un Khalid Naciri.
Le dimanche 5 juin, les meutes sont tenues en laisse. Point de curée ni de haro sur les militants du Mouvement du 20 février.
Le makhzen a fait marche arrière, non parce qu’il avait été touché par une quelque grâce démocratique, mais parce que forcé et contraint.
Forcé et contraint par des dizaines de milliers de citoyens et citoyennes décidés à mourir pour leur liberté, leur dignité, leurs droits.
Forcé et contraint parce qu’il se savait, désormais, mis à nu, démystifié par ces dizaines de vidéos qui ont fait le tour du monde.
Forcé et contraint par ce que l’UE et les USA ne veulent pas d’un dérapage à la yamenite ou à la libyenne au Maroc, parce que dénoncé par les organisations des droits humain telle Amnesty International
Forcé et contraint parce qu’il n’avait plus de choix, car ne lui restait que le recours aux balles réelles et au massacre à la mitrailleuse. Ce que jamais l’occident ne tolérera.
Cela ne veut pas dire, pour autant, qu’il a renoncé.
Mais tel que le cumin le makhzen n’entend raison que lorsqu’on l’affronte, que lorsque tombe le mur de la peur qu’il inspire.
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