La réforme constitutionnelle du monarque alaouite ne fait décidément l’unanimité ni chez les sujets de sa majesté et encore moins chez le peuple sahraoui et ses représentants légitimes du Polisario. En effet, le président sahraoui et néanmoins secrétaire général du Polisario, Mohamed Abdelaziz, a dénoncé vigoureusement l’inclusion du Sahara Occidental dans le projet de réforme constitutionnelle que s’apprête à faire avaliser Mohmed VI par voie référendaire le 1er juillet prochain.
Dans un message adressé au Secrétaire général de l’Onu et rendu public aujourd’hui samedi, le président de la RASD n’a pas mâché ses mots contre l’occupant marocain et a mis l’ONU devant ses responsabilités. « Je tiens à vous adresser ce message pour attirer votre attention sur les intentions du gouvernement marocain de mettre en œuvre des décisions politiques concernant la réforme constitutionnelle au Maroc, dans laquelle il envisage également d’inclure le Sahara occidental qui est sous l’occupation illégale du Royaume du Maroc », écrit‑il dans sa lettre envoyée vendredi et citée samedi par l’Agence de presse sahraouie (SPS).
M. Abdelaziz y appelle l’Onu « à prendre toutes les mesures nécessaires pour exhorter le Maroc à renoncer à cette décision qui constitue une infraction aux frontières internationalement reconnues et une violation flagrante de la Charte et des résolutions des Nations Unies et du droit international ». En décembre 2009, le roi Mohammed VI a lancé à Marrakech, au sud du Maroc, une «régionalisation avancée » dont le Sahara occidental sera « parmi les premiers bénéficiaires ». La commission consultative de régionalisation est présidée par Omar Azzimane, ancien ambassadeur du Maroc à Madrid. En mars 2011, cette commission a proposé au roi un découpage administratif de 12 régions, comprenant le territoire du Sahara occidental.
Mais « le Sahara occidental n’est pas un territoire marocain », a affirmé le président Sahraoui. Il est « répertorié par l’ONU comme territoire non autonome en attente de décolonisation depuis plus de 40 ans ». Son statut juridique définitif «ne peut être déterminé que par le peuple sahraoui dans un référendum libre, juste et équitable sur l’autodétermination organisé sous la supervision des Nations Unies », a‑t‑il ajouté, rappelant ainsi sa position.
Voilà qui met l’ONU qui se gargarise de défendre la légalité interantionale dans de beaux draps. En effet, de par son statut de «territoire non autonome», le Maroc n’a aucun lien de souveraineté sur le Sahara Occidental. Il en résulte que si le référendum marocain est adopté tel quel, il consacrera de fait la colonisation constitutionnelle du Sahara Occidental au nez et à la barbe des nations unies. A quoi servirait alors le processus de négociations de Manhasset mené par l’envoyé spécial de Ban Ki Moon, Christopher Ross, si la cause est cadenassé dans la constitution de sa majesté ?
Hakim Merabet, 25/06/2011
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