Boukhari Ahmes : «L’option pacifique ne peut plus durer»

Le représentant du Front Polisario aux Nations unies, M. Ahmed Boukhari, a, ce jeudi à New York, prévenu que sans un appui résolu de l’ONU à la question du Sahara occidental, l’option pacifique ne pourrait durer, après 35 ans d’attente vaine d’un référendum d’autodétermination.

Intervenant devant la 4e Commission de l’ONU chargée des questions de décolonisation, le représentant sahraoui a soutenu que le Sahara occidental ne peut être une exception au principe général qui a guidé les peuples colonisés vers leur liberté et leur indépendance. «Nous sommes certains que vous, membres de l’ONU, partagez cette vision, et c’est pour cette raison que le peuple sahraoui continuera à avoir confiance en vous et en votre bon jugement», a-t-il déclaré.

Considérant que le Sahara occidental reste un cas honteux pour la conscience universelle, M. Boukhari a observé que l’indépendance obtenue par les peuples du Sud-Soudan et du Timor de l’Est ainsi que l’appui solide apporté au printemps arabe viennent confirmer que la communauté internationale peut rendre possible le triomphe des bonnes causes.

Pourtant, a-t-il relevé, la solution au conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario est non seulement très simple, mais elle a, en plus, été élaborée par l’ONU le jour même où cette dernière avait donné mandat à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) d’organiser au nom des Nations unies un référendum d’autodétermination. Le Maroc et le Polisario avaient accepté cette solution, qui était aussi la seule endossée par le Conseil de sécurité en 1991, 1997 et 2003, a-t-il rappelé.

D’autant plus, a-t-il ajouté, que de 1969 à 1973, le Maroc avait affirmé solennellement devant la 4e Commission de l’ONU de décolonisation, et avant d’envahir le Sahara occidental, qu’il «reconnaissait et soutenait l’indépendance» de ce pays.

Dans ce sens, a fait valoir M. Boukhari, permettre au peuple sahraoui d’exprimer sa volonté, à travers les urnes, de faire partie soit de la puissance occupante, soit des nations libres et souveraines est la seule façon viable et efficace de parvenir à une solution démocratique que l’ONU peut fièrement assumer. Abordant les pourparlers informels, dont les derniers datent de juillet dernier, le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU a souligné que la mauvaise foi du Maroc et son recours aux subterfuges ont empêché tout progrès significatif. En dépit de cette attitude du Maroc, a-t-il ajouté, le Front Polisario a informé l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, M. Christopher Ross, qu’il était encore prêt à reprendre les négociations à la date qu’il déterminera, croyant sincèrement qu’il faut donner à l’option pacifique toutes les chances d’aboutir.

Néanmoins, a-t-il prévenu, sans l’appui résolu de l’ONU, l’option pacifique ne pourra durer, car «nous attendons depuis 35 ans le référendum promis par les Nations unies».

En ce qui concerne les droits de l’homme, M. Boukhari a tenu à rappeler que la Minurso est la seule des missions du maintien de la paix créées par l’ONU depuis 1978 qui n’a pas de mécanisme chargé de la surveillance des droits humains. «Pourquoi cette anomalie ? Qu’est-ce que le Maroc veut cacher au monde ?», s’est-il interrogé en rappelant les massacres perpétrés par les forces marocaines en novembre dernier contre le camp de Gdeim Izik et l’autre tragédie qui frappe la ville sahraouie de Dakhla depuis septembre dernier.

Dans son intervention, le représentant sahraoui a aussi évoqué l’appui demandé récemment par le Maroc aux Etats membres de l’ONU pour avoir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité.

Soulignant que le Front Polisario ne veut pas s’ingérer dans les décisions des gouvernements souverains pour cette question, il a, cependant, rappelé que le Front Polisario et le Maroc sont les deux parties dans un conflit qui figure dans l’agenda du Conseil de sécurité.

«Objectivement, vous pouvez comprendre l’inquiétude légitime qui découle du fait qu’une des parties en conflit puisse siéger au Conseil de sécurité alors que l’autre s’en retrouve à l’extérieur», a-t-il noté.

Sur ce point, il est à souligner que pour le remplacement, à partir du 1er janvier 2012, du Nigeria et du Gabon pour les deux sièges attribués aux pays africains comme membres non permanents du Conseil de sécurité, les chefs d’Etat de l’Union africaine avaient soutenu, lors de leur sommet de juin dernier à Malabo (Guinée équatoriale), les deux candidatures de la Mauritanie et du Togo.

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