Dans tout le Sahara Occidental occupé, en juillet puis début octobre 2010, les premières tentatives de campements de Sahraouis ont été violemment empêchées. À partir du 7 octobre néanmoins, les Sahraouis sont sortis massivement de leurs villes occupées et malgré les interdictions, intimidations, supplications, destructions par les autorités coloniales marocaines, ils ont planté la tente dans leur désert.
Le campement proche de El Aaiun à Gdem Izik grossit rapidement à quelques milliers de Sahraouis. Ce mouvement sahraoui de protestation, de résistance devient rapidement un immense événement populaire et démocratique.
Malgré les dangers latents, les blocus, l’oppression des autorités marocaines, un nouvel élan est pris par la résistance sahraouie face à la discrimination généralisée qu’ils subissent dans leur pays occupé, où ils sont privés de leur droit fondamental à l’autodétermination.
Najem, 14 ans, première victime…
Les jeunes Sahraouis organisent le campement de Gdem Izik qui atteint rapidement 7000 tentes, soit 20 à 30 000 personnes. Ils créent des quartiers pour faciliter l’organisation logistique : circulation, approvisionnement, soins. Ils élisent les comités politiques de négociation avec les autorités, organisent les séances de prises de décision collectives…
Le 24 octobre, un enfant est tué par les militaires marocains alors qu’il était dans une voiture qui ravitaillait le campement. C’est la première victime innocente de la manifestation.
Le 8 novembre 2010, après 4 jours de négociations, de promesse de rapport de force, de tentatives démagogiques pour résoudre ce problème épineux pour eux, les autorités marocaines lancent avant l’aube l’assaut sur le campement de Gdem Izik, sur les femmes, les vieux et les enfants. Ce même jour, les forces sécuritaires imposent un blocus à la ville de El Aaiun, empêchant les familles sahraouies de venir au secours des leurs. La violence explose, réponse sahraouie à la violence qu’on oppose à leur pacifisme, déchaînement gratuit des colons. Les autorités raflent les jeunes sahraouis. Plusieurs centaines d’entre eux sont torturés et emprisonnés abusivement. Le même sort est réservé aux militants des droits de l’homme et journalistes sahraouis.
L’ONU sous la pression de la France s’abstient d’envoyer une commission d’enquête indépendante.
Pour Noam Chomsky, cette invention, 20 à 30 000 Sahraouis sortis des villes occupées pour vivre comme leurs ancêtres malgré l’interdiction, cette protestation contre la colonisation est l’origine du Printemps arabe.
Depuis les peuples de Tunisie, Egypte, Libye se sont débarrassés de leurs dirigeants. Dans le silence de nos médias français, au Maroc, les jeunes ont constitué le Mouvement du 20 février qui grossit en importance et audace, et malgré les répressions meurtrières, fait fleurir des « Makhzen dégage ! ». Cela renforce les courageux opposants à la monarchie dictatoriale.
Il y a un an naissait le campement de Gdem Izik. Nouveau symbole de la résistance sahraouie, nouvelle étape de la violence illégale et impunie du Maroc. Parmi les Sahraouis arrêtés pour leurs activités militantes, une vingtaine sont toujours maltraités dans la prison de Salé au Maroc, grossissant les rangs des prisonniers politiques sahraouis, pour certain incarcérés depuis 8 ans pour leurs opinions.
Il y a un an naissait Gdem Izik. Le système colonial n’aura plus jamais le même poids sur l’aspiration du peuple Sahraoui au respect de son droit international, à l’autodétermination sur son avenir, sa terre et ses ressources. Certains anciens se souvenaient du goût de la liberté, les plus jeunes y ont maintenant goûté.
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