Le Maroc et la farçe de la normalisation avec l’Algérie

A l’occasion du 12e anniversaire de sa monté sur le trône, Le Roi Mohamed VI n’a pas omis de soulever dans son discours à la Nation prononcé à l’occasion d’exprimer sa volonté pour l’ouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc. Mieux encore, le roi souhaite une normalisation des relations entre les deux pays. 
«Nous tenons à l’amorce d’une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales, y compris la réouverture des frontières terrestres» avait indiqué Mohammed VI. 
Dans un rapport envoyé à la Maison Blanche et révélé par Wikileaks, la CIA exprime ses craintes sur la possibilité que le Maroc fasse recoure à la guerre contre le Front Polisario et l’Algérie pour saper les principes d’autodétermination et décolonisation prônés par l’ONU. 
D’autres sources assurent que la poursuite des manifestations du Mouvement 20 Février pourrait conduire le gouvernement marocain à enflammer le conflit du Sahara Occidental pour freiner la mobilisation du peuple marocain en orientant les regards de celui-ci vers la crise sahraouie au lieu de la crise du système royal du Maroc. Un argument beaucoup trop crédible en tenant compte que le défunt roi Hassan II avait utilisé l’invasion du Sahara Occidental pour créer un consensus politique autour de son trône menacé par plusieurs tentatives de coup d’état. 
En partant de ces réalités, il devient difficile de croire en la bonne foi des autorités du Maroc lorsqu’elles demandent la réouverture des frontières et la normalisation des relations avec le pays voisin. En effet, quel crédit accorder à une invitation adressée, certes officiellement, alors qu’en parallèle le Maroc, par le biais de ses médias, continue de mener campagne contre l’Algérie pour la simple raison que ce pays soutient une cause juste ? Car quoi qu’en pense Rabat, la décolonisation du Sahara occidental n’est pas un casus belli entre l’Algérie et le Maroc. Elle relève exclusivement de la responsabilité des Nations-unies et du Conseil de sécurité. 
Concernant l’UMA, il y a lieu de se demander si les pays membres sont prêts à cautionner l’édification d’«un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent ». Un Maghreb que d’aucuns édifieront sur le dos de certains. Une éventualité inadmissible pour Alger. Mais il est à parier que ce point de vue n’ait pas pu plaire à Rabat, quand bien même la logique aurait voulu que le Maroc prenne le temps de s’y arrêter et de le méditer. Mais Rabat est trop pris par son aveuglement, lui qui voudrait imposer aux autres sa propre conception de cet espace régional dans lequel il évolue avec d’autres peuples – y compris celui à qui le Mekhzen dénie le droit d’exister sous prétexte de la marocanité du territoire sur lequel il vit. Ainsi donc, au désir de Rabat d’ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays et de normaliser les relations bilatérales, Alger oppose le pragmatisme qui découle d’une parfaite connaissance de la géopolitique de cette région. 
Que le Maroc formule sa demande, nul n’est en mesure de le lui interdire. Qu’il tente d’instrumentaliser à d’autres fins la position de principe de l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental est de bonne guerre, bien que la légalité internationale soit là pour montrer qui dit vrai et qui dit faux sur cette question. Mais le peuple marocain ne sera pas trompé éternellement. Le Printemps Marocain est là pour le prouver. C’est dire donc que Rabat doit revoir sa politique avant de reformuler son offre.

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