La décision kényane d’intervenir en Somalie a été prise par Nairobi à la suite de l’enlèvement, jeudi, de deux employées espagnoles de Médecins sans frontières (MSF) dans les camps de réfugiés de Dadaab, à une centaine de kilomètres de la frontière somalienne. C’était le troisième kidnapping en un mois, après ceux de la Britannique Judith Tebbutt et de la Française Marie Dedieu, dans l’archipel touristique de Lamu.
Face à cette grave menace contre son industrie touristique, l’attitude de prudence du Kenya n’était plus tenable. Jusqu’ici, Nairobi a tout fait pour se tenir à l’écart de la guerre civile somalienne, évitant de contribuer à la force d’interposition de l’Union africaine (Amisom) composée principalement de militaires ougandais et burundais.
Le Kenya se contentait de former chez lui des combattants fidèles au TFG, l’acronyme anglais du Gouvernement fédéral de transition. Le gouvernement kényan craignait des représailles sur son sol, où se trouve une nombreuse colonie somalienne. Nairobi ne souhaitait pas non plus attiser l’islamisme radical à l’est du pays, en majorité musulman. La présence militaire en Somalie d’une armée appartenant à un pays en partie chrétien (Kenya) peut aider les Shebab à mobiliser.
L’argument a déjà servi contre l’Ethiopie, qui a dû quitter la Somalie en 2009 sans grands résultats, après deux ans de présence militaire. Sans doute conscient du danger, le TFG faisait lundi profil bas. Un porte-parole assurait que l’arrivée des troupes kényanes n’était «pas nécessaire.» Nairobi semble vouloir se retirer après avoir créé une zone tampon de l’autre côté de sa frontière, en y installant des milices somaliennes opposées aux Shebab.
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