par Yazid Alilat
La joie des Libyens (enfin, pas tous) est immen se. L’ex-guide de la révolution, Maamar Kadhafi, est mort, et cette disparition ouvre grandes les portes d’une nouvelle Libye. Les Libyens, qui ont décidé en février dernier de prendre en main leur destinée, n’ont pas vaincu seuls Kadhafi. Jusqu’à l’ultime minute du combat libérateur, ils étaient épaulés, sinon fortement soutenus par les Occidentaux, dont l’aviation a pratiquement «liquidé» la «Révolution», vieille de 42 ans, de Kadhafi. Hier dimanche, c’était une nouvelle Libye qui venait à la vie, après la proclamation officielle de la libération du pays, presque neuf mois après le début de l’insurrection.
Mais, alors que les cris de joie des combattants qui ont vaincu Kadhafi ne s’étaient pas encore estompés que des interrogations commençaient à se fairejour dans plusieurs cercles politiques dans la région maghrébine. Et au-delà.
Il y a d’abord le fait de savoir si les Libyens, libérés après 42 ans de pouvoir sans partage de Kadhafi, pourront se prendre eux-mêmes en charge sachant que le pays reste fortement ancré aux pesanteurs tribales. Beaucoup avaient attribué la longévité du Guide au pouvoir à sa tribu, les Guedadfa, une des plus puissantes de Libye. Le danger qui menace le pays est que les rivalités tribales, voire claniques, ne resurgissent pour diviser un pays fragilisé par le chaos de la guerre. Car il faut, en même temps que les politiques mettent en place les éléments de l’avènement d’un gouvernement élu, faire fonctionner le pays, produire de la nourriture, payer les travailleurs, produire de l’électricité et vendre du pétrole. Tout cela appelle une certaine organisation que les Libyens ne peuvent pour le moment assurer seuls. Certes, il y a à côté les Français, les Anglais, les Américains et les Italiens. Ces pays, qui ont mené «la guerre» contre l’ex-régime de Tripoli, ne laisseront pas seuls les Libyens. Du moins tant que le pétrole coulera à flot. La question essentielle pour le moment est de savoir si réellement les nouvelles autorités libyennes sont capables de gérer seules le pays, avec en prime l’instauration d’institutions démocratiques, une économie solide, même adossée aux hydrocarbures. Car en réalité, l’ombre étrangère, qui a plané sur le combat «libérateur», sera là, omniprésente.
Peut-être même sollicitée pour accompagner la nouvelle Libye vers de nouveaux rivages politiques. Les inconnues politiques, qui foisonnent encore ont cet aspect des choses que dans ce pays, il n’y a pas à proprement parler de partis d’opposition. Avec les futures compagnies pétrolières, industrielles et autres groupes étrangers qui vont rapidement s’installer dans un pays redevenu en friche économiquement, il y a cette donne politique qui fait peur dans un pays où le risque d’implosion est patent. A moins que les Libyens n’arrivent eux-mêmes à s’autogérer et gérer leur avenir politique, fermant la porte progressivement à l’interventionnisme étranger. En seront-ils capables ?
Be the first to comment