Les services de sécurité identifient l’auteur du rapt des trois humanitaires des camps de Tindouf
I l n’y a pas fort longtemps, un reporter du New York Times, en couverture en Libye, juste après la chute de Tripoli, et la mainmise des islamistes du Gicl, menés par Abdelhakim Belhadj, sur le pays, rapportait que les rebelles du djebel Nefoussa, pour lesquels Sarkozy avait largué un important parachutage d’armes, n’ont en fait, jamais vu la couleur de cet arsenal de guerre. Des rebelles de Benghazi, Darna, Sehba et Misrata affirmaient ne pas avoir vu une seule arme de l’arsenal promis par Paris, et spéculaient que des marchands d’armes l’auraient certainement acheminé vers le Sud pour les vendre aux Toubous, lesquels l’achemineraient à leur tour vers le Darfour, le Niger, le Mali et le Tchad.
Des sources militaires américaines ont alors spéculé que cet armement, que la Dgse avait largué, sans se rendre compte qu’elle le faisait pour le compte d’islamistes djihadistes, serait arrivé au Darfour, au Tibesti et au Ténérée. Mais aujourd’hui, on ne spécule plus : on sait au moins qu’une bonne quantité de cet armement est tombé entre les mains de Mokhtar Belmokhtar, plus connu sous son nom de guerre «Khaled Abou Al-Abbès», et communément appelé «MBM», l’émir pour la zone Sahel d’Aqmi.
Selon les responsables sécuritaires des pays du Sud, le Mali et la Mauritanie, ainsi que les premières investigations de la sécurité du Front Polisario, le rapt spectaculaire des trois humanitaires, en plein centre administratif des camps de réfugiés (du Sahara Occidental, encienne colonie espagnole envahie par le Maroc il ya 36 ans, NDDS) de Tindouf , est «imputable à MBM». C’est lui, selon les indications de Touareg du nord Mali, qui pavoisait avec un imposant arsenal de guerre de fabrication française le long du couloir allant de Kidal à Tessalit, et emprunté généralement par ses hommes.
Selon les déclarations d’un membre du groupe MBM capturé récemment, Mokhtar Belmokhtar se trouve en compagnie de l’autre groupe dirigé par «B. M.», alias Lamine, au Mali, dans la région de «Tagherghar», et s’était intéressé aux armes françaises dès l’annonce d’un largage conséquent. Il aurait reçu des informations concordantes de la part des islamistes libyens, affiliés à Al Qaïda, ou de la part des anciens détenus de Guantanamo, libérés depuis quelques mois, et même certains membres du Gicl, proches de Abdelhakim Belhadj. Il était au courant même de l’endroit exact du largage d’armes.
Fayçal Oukaci
Le Courrier d’Algérie, 26/10/2011
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