Le Maroc cherche à transformer la prise d’otages en succès diplomatique dans le dossier du Sahara Occidental (responsable algérien)

Le kidnapping, dimanche 23 octobre, de trois Européens dans un camp sahraoui de Tindouf risque de devenir rapidement un nouveau sujet de tension entre Alger et Rabat. Mardi, le ministre marocain des Affaires étrangères a clairement mis en cause la responsabilité de l’Algérie dans cet enlèvement. « Il s’agit de la responsabilité d’un État et c’est l’Algérie qui en est le premier responsable », a déclaré Taib Fassi Fihri lors d’un point de presse avec son homologue espagnole à Rabat.

Pour l’Algérie, le Maroc cherche à transformer cette prise d’otages en succès diplomatique dans le dossier du Sahara Occidental. « La sortie du ministre marocain des affaires étrangères nous éclaire, encore une fois, sur le tropisme obsessionnel de la diplomatie marocaine en ce qui concerne la cause sahraouie », explique à TSA un haut responsable algérien qui a requis l’anonymat. « Nous pourrions, en retour, affirmer que la responsabilité de l’État marocain est pleinement engagée dans la protection et la sécurité des touristes étrangers se trouvant sur son territoire, notamment ceux qui ont péri dans l’attentat contre le café Argana à Marrakech », ajoute le même responsable.

Dans ce contexte, les Algériens s’interrogent presque ouvertement sur les motivations des ravisseurs et le choix du moment pour mener l’opération. Contrairement au Front Polisario, Alger n’a pas clairement désigné Aqmi comme auteur de cet acte. « Bien que toutes les hypothèses restent, pour le moment, ouvertes, cette sortie du ministre marocain nous encourage à nous interroger sur les véritables mobiles des ravisseurs ainsi que sur ceux de leurs éventuels commanditaires tant le timing de ce forfait et les gains qui en sont escomptés nous invitent à voir bien au delà des pistes que veulent bien nous faire miroiter, maladroitement, certaines officines et faux experts grassement rétribuées par le département du ministre (marocain) », poursuit notre interlocuteur.

Mardi, un responsable des services de sécurité maliens a accusé la filiale sahraouie d’Aqmi d’être à l’origine de ce kidnapping, apportant ainsi un appui à la position marocaine. Il a démenti l’affirmation du Front Polisario faisant état de la présence des otages et de leurs ravisseurs au Nord du Mali. « S’il nous restait un doute, les dépêches « fabriquées » à partir de Bamako par une certaine agence de presse, qui convoque à profusion des sources sécuritaires anonymes, nous incitent à rester vigilants devant les velléités de manipulations de la part des uns et des autres », conclut la même source.

DS/TSA, 26/10/2011

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