La barbarie n’a pas pu se dissimuler trop longtemps. Elle a fini par étaler sa nature. Ces médias stipendiés sont à bout de souffle et n’arrivent plus à dissimuler l’horrible réalité de leurs commanditaires. Les chasseurs de victimes des droits de l’homme, aux abois, n’ont pas pu trouver celles qu’il fallait, qui justifiaient avant même que d’avoir existé le massacre d’un peuple et la destruction d’un pays. Des victimes, par contre, ils ont en trouvé par milliers de l’autre côté, là où les journalistes du mensonge se gardent de filmer ou de rapporter ce qui taraudera leur conscience, s’ils en ont une, jusqu’à la fin de leur vie.
Maintenant que le travail est considéré être achevé, que l’un des derniers actes de l’ignominie a fait le tour du monde grâce à un vidéaste anonyme, l’heure est aux simagrées sur le sort infligé au «tyran» et à son fils Moutassim. On raconte que la Clinton, que l’on n’a pas vu parader ces derniers temps, a affiché sa plus belle hilarité à l’annonce de ce qui venait d’arriver à un homme, désarmé et blessé, livré à la sauvagerie d’énergumènes autorisés, par leurs maîtres, à l’achever. S’ensuivirent, après la jubilation des barbares, des cris de vierges effarouchées contre leurs créatures récipiendaires de la Libye exsangue et déchirée.
La perspicacité, de ceux qui ne veulent pas s’en laisser conter, a voulu voir que ces réactions outrées font, elles aussi, partie du plan initial. Celui de faire en sorte que le carnage continue, sans se montrer impliqué. A la «victoire» ne devait pas succéder le moindre soupçon de réconciliation, la moindre base de réunification. Il fallait faire redémarrer les hostilités sur d’autres bases. Il fallait que la haine soit exacerbée et qu’elle atteigne un point de non-retour. Il fallait qu’il ne soit plus uniquement question d’un affrontement entre supplétifs et nationalistes. La guerre va prendre une dimension tribale.
Le nouveau «Guide» est, comme prévu, affublé du titre évocateur de «Porteur du Sang». La vengeance va se déchaîner entre les tribus touchées dans leur chair et les tribus qui en sont responsables. Il ne s’agira plus de défendre le territoire national contre le colonialisme et la trahison, il faudra en plus se faire réparation. Les Kadhadhfa et les Ouarfala contre les Misratis et leurs alliés. Une guerre totale et sans concession, le sang appelant le sang. C’est la perspective tracée avec la livraison de Mouammar Kadhafi à ses bourreaux. Un acte cyniquement prémédité car les barbares de l’OTAN savent ce qu’ils ont froidement fait. Comme ils savent, depuis toujours, que leur CNT n’avait rien à voir avec la démocratie ou quelque système qui lui ressemble. Cela n’empêche pas qu’ils fassent semblant d’être outrés mais les barbares n’insistent plus tellement sur cette «démocratie» qu’ils étaient venus «sauver» de la dictature. Ils osent juste dire qu’ils vont être vigilants quant aux «valeurs démocratiques», en faisant mine d’ignorer qu’ils ont tué des dizaines de milliers d’innocents pour aider leurs «démocrates» de Benghazi. Un prix dont ils devraient rendre des comptes aujourd’hui. Pour tout dire, la barbarie vient de commettre son dernier crime. Elle ne voulait pas d’élections démocratiques, il n’y en aura probablement pas.
Par Ahmed Halfaoui
Les Débats, 26/10/2011
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