Il est toujours là, qui veille, compte et concocte ses recettes. Il n’y a pas besoin de solliciter son concours, il en est fort prolixe. La preuve, c’est de lui qu’il s’agit, le Fonds monétaire international (FMI) se manifeste. Il est vraiment embêté par ce qui se passe en Algérie et il le montre. Comme cela fait un bout de temps qu’on ne l’a pas entendu, cela fait une drôle d’impression. On l’avait presque oublié. Et le voici, plus féroce que jamais et sûr de son bon droit de dicter la politique aux autres. Et il en fait trop. Surtout qu’il ne manque pas d’air et qu’il parle de «rationalisation des dépenses publiques», trouve tout seul qu’il n’y a aucune justification à «l’interdiction du crédit à la consommation» et se dit mécontent de l’incontournable «climat des affaires».
Voilà le destructeur d’un grand nombre d’économies et le responsable de la misère de centaines de millions de personnes qui ose, avec l’arrogance que lui confèrent ses parrains, donner des orientations et prodiguer des conseils. On ne sait pas ce que les autorités algériennes lui ont répondu, mais elles devraient lui rappeler les bonnes manières et lui citer ses frasques, très visibles de par le monde. Cela devrait suffire à le rendre plus modeste dans sa prétention à régenter la destinée des gens si, partout, il était renvoyé au bilan de ses interventions.
Malheureusement, cela ne se passe pas comme cela. Alors, il persiste dans sa mission. Il doit, obligatoirement, imposer que les Etats ne s’occupent pas des citoyens qu’ils gouvernent, en «rationalisant les dépenses publiques». Il doit aussi faire en sorte que le «marché» ne connaisse aucune contrainte, même s’il faut endetter les gens, grâce à ces «crédits à la consommation», et même si la production nationale n’est pas du tout concernée. Ne nous y trompons pas, le FMI va presser de plus en plus. Il y a péril en la demeure et de l’argent à libérer qui doit aller vers les gouffres qui se creusent là-bas.
Avant, il y avait l’argument de la dette qui facilitait la vie et faisait que l’Algérie signait les yeux fermés sa descente aux enfers, aujourd’hui le Fonds ne peut que la menacer d’une possible chute des prix des hydrocarbures. Sauf que l’on sait qu’il n’est que la face soft d’un système aux abois, qui dispose de moyens autrement plus convaincants pour les récalcitrants. C’est ce qui explique pourquoi le FMI peut encore sévir quand il a mené l’Amérique latine à la banqueroute, fait exploser la Yougoslavie et fait s’effondrer tant d’autres pays. Il peut, sans vergogne, faire le VRP avec ses mesures dont on observe les effets dévastateurs sur l’économie mondiale. Il peut vanter ce néolibéralisme, enveloppé dans une sémantique savante, qui est en train de projeter dans la précarité des foules de plus en plus nombreuses.
Il suffit, pour se rendre compte de la «rationalisation», d’interroger l’actualité de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, des Etats-Unis, de l’Italie, ces modèles du genre en matière de promotion de la libre-entreprise et aux «climats des affaires» sans pareils ; où il fait de moins en moins bon vivre, où les entreprises ferment ou licencient et où les citoyens sont pressurés pour que les banques soient payées de leurs créances ou renflouées parce qu’elles sont en difficulté. Par Ahmed Halfaoui
Les Débats, 29/10/2011
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