Alger perpétue l’esprit de Novembre et renoue avec le qualificatif que lui a attribué Amilcar Cabral : la Mecque des Révolutionnaires.
A la veille de la commémoration du 57e anniversaire du déclenchement de la Révolution, elle accueille une conférence internationale sur le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui en présence de plus de 400 invités de marque dont Ramtane Lamamra, Commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité, et Kamel Rezzag-Bara, membre fondateur du CNASPS, plusieurs ambassadeurs accrédités à Alger et 126 personnalités originaires de 26 pays et… des 5 continents. Un appel à l’ONU à appliquer «rapidement» les résolutions que le Conseil de sécurité a adoptées sera lancé aujourd’hui par les conférenciers.
«Nous sommes les enfants de Novembre. Nous avons pris l’engagement d’être aux côtés des peuples opprimés et colonisés. Nous sommes toujours sur cette position. Aujourd’hui, nous disons haut et fort : nous sommes avec le peuple sahraoui et cette position ne sera pas ébranlée. Ni les tentatives terroristes, ni les fuites en avant, ni l’esprit colonial du Maroc n’affecteront nos principes fondateurs et notre soutien au peuple sahraoui», affirme d’emblée Lamari Mehrez, le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) en ouvrant les travaux de cette conférence internationale, la seconde du genre, à Dar Diaf, Bouchaoui, hier matin. Le tableau est planté. Toutes les interventions qui suivront cette «entrée» s’inscriront dans la lignée des positions d’Alger et des recommandations des rencontres internationales abritées récemment par Abuja et Pretoria.
Le président sahraoui Mohamed Abdelaziz qui lui a succédé ne dira pas moins. Seule différence, il exhortera la communauté internationale qui s’empresse depuis peu d’adopter des résolutions pour protéger des civils, à exercer des pressions sur le Maroc, la puissance occupante au Sahara Occidental, pour qu’il ne bloque plus la tenue du référendum pour l’autodétermination promis par les Nations unies depuis …1991. Le président sahraoui qui a rendu hommage à la résistance en novembre 2010 des habitants du Gdeim Izik, véritables précurseurs du Printemps arabe, au combat héroïque menée par Aminatou Haider qui a défié l’injustice marocaine et au dernier soulèvement de Dakhla, n’est pas allé par le dos de la cuillère pour dénoncer les positions du gouvernement français qui ne font pas honneur aux principes de la Révolution de 1789 et la politique de deux poids deux mesures du Conseil de sécurité, dès qu’il s’agit des …Sahraouis et ….des Palestiniens. Tous les intervenants qui lui succéderont en feront autant. Certains feront siennes cette déclaration : l’Afrique ne sera libre que quand les Sahraouis seront indépendants. «La lutte continue», disent-ils, portés par des applaudissements de la salle scandant l’hymne ….tunisien. D’autres n’ont pas omis de dénoncer à voix haute «le régime de terreur» imposé aux Sahraouis, le «silence» de la Communauté internationale devant la non-application de la résolution 1514 au dernier pays colonisé en Afrique et le non- élargissement des missions de la Minurso, Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental, à la surveillance et la protection des droits de l’homme.
LE MAROC A MONNAYÉ SON SIÈGE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
Roland Weil, vice-président de l’Association internationale des juristes démocrates, Khaled Hadadah, le secrétaire général du Parti communiste libanais, et Julio Cesar Aguirre, un sénateur mexicain, mettront la salle en émoi. Le premier en rappelant qu’il a été un avocat des militants du FLN il y a plus de 60 ans et qu’il ne s’est jamais départi depuis des causes justes, le second en apportant le soutien aux Sahraouis, des peuples arabes du MoyenOrient. Un appui que ne manquera pas d’expliciter ce matin à l’assistance Samir Kuntar, un cadre dirigeant du Hezbollah. Quant au troisième, il se suffira d’un : «Vous n’êtes pas seuls. Votre cause est la nôtre aussi», à l’endroit des Sahraouis.
Interrogé en marge de la conférence sur l’enlèvement des trois Européens à Rabuni, près de Tinfouf, le président Abdelaziz a réitéré sa condamnation de cet «acte terroriste» et réitéré la volonté de son gouvernement signataire de la Convention africaine de la lutte contre le terrorisme à ne «ménager» aucun effort pour les libérer «dans les plus brefs délais». Un de ses conseillers estime que cet acte qui profite au Maroc et ses sponsors vise à détourner l’attention de la communauté internationale de cette conférence et faire oublier que le Maroc a spolié la place de la Mauritanie au Conseil de sécurité.
Un dirigeant de l’Union africaine nous explique en aparté que le Maroc a eu ce siège pour «services rendus». «La Mauritanie qui a été la candidate de l’UA a payé pour ses positions sur le CNT et la lutte contre le terrorisme au Sahel». C’est-à-dire ? «Elles ne sont pas conformes à celles défendues par l’Occident», nous dit-il avec un sourire avant que le directeur du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) M. Francisco Caetano José Madeira, nous explique toute la volonté des Américains et des Africains à retrouver les armes libyennes éparpillées actuellement dans la région.
Djamel Boukrine
HORIZONS, 30/10/2011
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