Les Américains l’ont fait, ce n’était qu’une question de temps pour que la Grande-Bretagne suive. Ainsi, à l’instar des protestations organisées autour du centre financier de Wall Street à New York, des Anglais ont décidé d’investir le quartier de la City, le centre historique et névralgique du monde de la finance.
En fait, ils ont investi le parvis de la cathédrale St-Paul afin de protester contre les excès des financiers, les coupures budgétaires et même l’incarcération du chef du PKK kurde en Turquie, Abdallah Occalan ! Eh oui, rien de mieux qu’un campement au centre d’une capitale occidentale pour rassembler tous les indignés du moment. Pour l’instant, l’événement n’a eu que très peu d’effet sur les barons de la finance qui en sourient, cappuccino et I-Pad à la main, face à la bonhomie ambiante qui règne au sein du campement de fortune.
Ils ne se sentent nullement menacés par ces mouvements. Et même si la capitale londonienne a bénéficié d’un climat particulièrement clément ces dernières semaines, favorisant la vie de camping, il s’avère que les Anglais préfèrent le confort de leur logis à l’inconfort d’une tente sur une esplanade en ciment. En effet, Scotland Yard a utilisé des caméras à infrarouge pour démontrer que les tentes étaient vides durant la nuit et donc les manifestants qui voulaient s’inspirer du Printemps arabe ne veulent pas sacrifier leurs petits plaisirs quotidiens pour des «futilités» telles que les principes ou la lutte contre l’injustice.
Alors que les commentateurs, dans la presse de droite, reprochent aux «insurgés» leur comportement d’enfants gâtés accros aux I-phones et autres gadgets symbolisant le capitalisme, la presse de gauche espère toujours que les petits ruisseaux feront de grandes rivières et que même si le mouvement peine à décoller, l’intention y est et la volonté de «changer les choses» est enfin ancrée au sein de la société. Où se situe la vérité ? Nul ne le sait ! Mais les autorités religieuse, de l’imposante cathédrale reprochent déjà aux manifestants de décourager les touristes de venir visiter l’enceinte religieuse, et par conséquent privent l’institution en question d’empocher les 14.50 livres (1704 DA) par personne pour visiter St-Paul. Jésus s’est peut-être opposé aux usuriers, mais il n’a pas vécu dans l’une des villes les plus chères au monde, avec en prime des impôts locaux qui auraient fait rougir Ponce Pilate en personne. On reproche aux manifestants de ne pas trop savoir ce qu’ils veulent ou la façon d’y parvenir. Les groupes sont trop disparates, et leurs motifs mal explicités. Mais ce sont des indignés et à l’heure qu’il est, il y a trop de raisons de se révolter, rétorquent-ils.
Soit, mais l’incertitude des uns fait le bonheur des autres. Plus ces insurgés peinent à définir clairement leurs revendications, plus leurs demandes paraissent creuses et futiles, renforçant par la même occasion les positions de ces commentateurs capitalistes qu’ils veulent à tout prix persuader. Ainsi, alors que les capitales occidentales se délectent déjà du butin pouvant émerger de la prochaine insurrection arabe, leurs citoyens, eux, cherchent encore le moyen de faire bouger leurs dirigeants. Aujourd’hui, il est clair que les élections, au sein des pays démocratiques, n’offrent que des options limitées : droite ou droite «light».
Quant aux manifestations, il faut avouer que cela fait désordre. On se croirait presqu’au Moyen-Orient dans certains cas. Donc, l’idée maintenant est de passer à la vitesse supérieure… Mais en quoi cela consistera ? Cela serait peut-être un bon début si les manifestants choisissent déjà de passer une nuit entière dans le campement.
Qui sait ? Peut-être qu’après les Anglais vont même manifester et un jour se feront entendre. David Cameron, le Premier Ministre britannique a bien entendu les cris des Libyens de Benghazi pourquoi pas ceux des Anglais de la City.
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