Vers un hiver très chaud

« Tout ce qui brille n’est pas forcément de l’or », disait un certain proverbe.
C’est le moins que l’on puisse dire à ceux qui s’attendaient à du «meilleur» après ledit «Printemps arabe». Que ce soit en Tunisie, Libye ou l’Egypte, les populations des trois pays retiennent leur souffle, craignant ce que va leur réserver l’avenir. La chose qui est sûre et selon les paramètres et les données actuelles, l’hiver sera chaud, voire très chaud même. En effet, la situation actuelle qui prévaut dans les pays secoués par les révoltes d’une partie des populations est vraiment confuse.
En Tunisie, terre du déclenchement dudit «Printemps arabe », la situation est toujours confuse. Sur le plan sécuritaire et économique, les aiguilles sont au rouge et on ne voit pas comment les nouveaux dirigeants pourraient redresser la barre ? La violence est quotidienne alors que les touristes ont rayé de leur agenda le nom de la Tunisie. L’objectif du soulèvement du 14 janvier mettra fin à un régime dictatorial et permettrait à l’instauration de la démocratie dans le pays. Malheureusement, les résultats de la révolte ont permis à un régime de monter sur la plus haute marche du pays. 
En attendant l’entrée en scène de ceux qui maudissent la démocratie, la ville de Sidi Bouzid berceau du déclenchement du «Printemps arabe» a été le théâtre d’affrontements opposant des islamistes pro-Al-Hachemi et les forces de l’ordre. Les manifestants ont incendié le siège de la mairie, le tribunal et plusieurs édifices publics. Le ministère de l’Intérieur actuel a été contraint de décréter un couvre-feu pour maîtriser la situation. 
En Egypte, c’est le même scénario qui se dessine avant même les élections et dont les frères Musulmans sont les plus favoris. Depuis le début de la révolution du 25 Janvier 2011, le pays traverse une situation des plus catastrophiques. Les touristes qui affluent dans le passé par des milliers ont boudé l’Egypte alors que la violence secoue quotidiennement le pays. Les Coptes crient à la marginalisation alors que la place «Tahrir» fait le plein chaque vendredi. Rien qu’hier, des milliers de centaines de citoyens ont organisé un rassemblement au niveau de la place «Tahrir» réclamant des élections dans l’immédiat. Au niveau de cette place, une prière a été tenue sur une dépouille d’un jeune qui selon eux a été torturé à mort dans un commissariat de police. Après avoir accompagné le défunt à sa dernière demeure, des incidents ont éclaté entre les manifestants et les forces de l’ordre devant l’ambassade des Etats-Unis au Caire. D’autres manifestants se sont dirigés au siège de la télévision, scandant des slogans obscènes à l’encontre du conseil militaire. Les prochaines élections, permettront à 90% aux frères Musulmans de prendre les destinées d’un pays surpeuplé et dont la pauvreté a atteint les sommets. Ce n’est pas certainement l’idéologie qui sortirait le pays du pétrin. A moins que les frères Musulmans arrivent à reconvertir la prière de «salât al-istisqâ» par une pluie en livre égyptienne, euros ou dollars. 
Enfin, la situation en Libye est beaucoup plus grave. Les dits «révolutionnaires» ont réussi à prendre le pouvoir par les armes et ce, grâce aux interventions militaires étrangères. A la place du régime de Kadhafi, les Libyens auront pour dirigeants des Islamistes radicaux. Ces derniers refusent de déposer les armes et affutent leurs couteaux se disputant la responsabilité. De l’autre côté, la guerre n’est pas finie, car les tribus proches de Kadhafi ne jurent que par la vengeance et n’attendent que le départ de l’Otan pour passer à l’action. Le bal est déjà ouvert, des informations indiquent que Send Larabi qui a capturé Kadhafi aurait été abattu par un groupe dénommé «Front pour la libration de la Libye». En somme, l’hiver sera très chaud dans les pays secoués par les soulèvements populaires. Dans l’attente, les populations de ces pays se trouvent à bord d’une embarcation quelque part dans l’océan, au milieu d’une violente tempête.
MONCEF RÉDHA

La Nouvelle République, 29/10/2011

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