A l’approche de la célébration du 57ème anniversaire de la Révolution, des langues se délient et remettent sur la table le douloureux passé colonial français en Algérie.
Des partis politiques et organisations nationales en effet s’élèvent et réclament la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux en Algérie.
Après le Secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, et celui de l’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, voici venu le tour de Bouguerra Soltani du MSP de réclamer à son tour une reconnaissance officielle de la France de ses crimes en Algérie : «il faut présenter des excuses au peuple algérien et l’indemniser pour les crimes, dont il a été victime pendant un siècle et trente-deux ans». Soltani a précisé que «l’invitation officielle de la France» d’aujourd’hui à signer une Charte de coopération et de partenariat avec l’Algérie «est la bienvenue» à condition «qu’elle présente des excuses officielles afin que l’amitié entre les deux pays soit basée sur la souveraineté et la fidélité aux martyrs de l’Algérie».
Intervenant lors d’un rassemblement d’étudiants à l’occasion du 57ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, le président du MSP a souligné la nécessité de «suivre le chemin des martyrs et les Moudjahidine d’hier».
Des appels qui surviennent, soulignons-le, dans une conjoncture de réchauffement dans les relations entre Alger et Paris, synonyme d’une volonté commune de «surpasser» le passé, sans pour autant l’occulter, et renforcer les liens de coopération économique entre les deux pays.
Depuis, un défilé d’officiels et d’hommes d’affaires français s’est succédé en Algérie, en guise de bonne volonté de repartir de bon pied et ré-édifier des relations économiques viables et pragmatiques.
Cela étant, la page d’histoire tumultueuse entre l’Algérie et la France est loin d’être fermée.
La célébration des différentes dates phares de la résistance algérienne contre le pirte des colonialismes européens, rouvre les plaies et rappellent à tous, l’atrocité et les exactions commises sur un peuple spolié dans ses droits les plus élémentaires.
Si du côté officiel, ce sont plutôt la retenue et la tempérance, les Organisations de la société civile et les partis politiques reviennent à chaque occasion à la charge pour rappeler ce triste épisode dans les relations algéro-françaises.
On ne parle plus de loi criminalisant le colonialisme, côté algérien, et de loi glorifiant le colonialisme côté français certes, mais les mémoires restent vives et les souvenirs ne risquent pas de se dissiper de sitôt.
Ce faisant, bien que le débat sur la mémoire douloureuse pourrait affecter les relations économiques et politiques entre les deux pays, il n’en demeure pas moins que des crimes contre l’Humanité restent impunis.
Les irradiés de Reggane et du Grand Sahara subissent toujours les effets néfastes en l’absence d’une indemnisation de la part des fauteurs. La France se doit d’assumer un passé «honteux» et faire en sorte que la mémoire des Algériens tombés sous leur domination ne soit plus ternie davantage.
Le devoir de mémoire reste un os entre les relations algéro-françaises qui vont en dents de scie ; elles varient au gré des conjonctures, le poids du passé pesant lourdement.
Par M. Aït Chabane
Les Débats, 31/10/2011
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