Par Mohamed TOUATI
Le gouvernement sahraoui fustige le bureau de l’AFP à Bamako qui a rapporté l’information et dont la dépêche cite une source anonyme qui fait état d’une complicité sahraouie.
Les trois Européens (2 Espagnols et une ressortissante italienne), qui travaillaient dans le camp de réfugiés sahraouis de Hassi Rabouni, sont en vie et détenus par la branche maghrébine d’Al Qaîda. C’est la seule bonne nouvelle, tant espérée. Les otages sont vivants. L’information est tombée alors qu’une conférence internationale sur le droit du peuple sahraoui à la résistance bat son plein à Alger. Des condamnations en cascade dénoncent la torture subie par les détenus sahraouis dans les géoles marocaines et la répression qui s’abat sur les populations des territoires occupés du Sahara occidental.
«Les trois otages européens sont en vie. C’est l’un des ravisseurs, membre d’Aqmi, qui nous a communiqué l’information… Ils (Aqmi) ont dit qu’ils vont communiquer plus tard leurs revendications. Mais pour le moment, les otages sont bien en vie», aurait déclaré un médiateur, anonyme, basé dans un pays d’Afrique de l’Ouest cité par une dépêche de l’AFP datée du 30 octobre. Quant à la manière dont a été planifié leur rapt, les détails fournis par la source à laquelle fait référence l’Agence France Presse sont non seulement sujet à caution mais sentent fort la manipulation. «Les combattants d’Aqmi, qui sont allés dans les camps de réfugiés du Polisario pour participer à l’opération d’enlèvement, n’étaient pas armés. Ils avaient des complices sur place dans les camps, membres et sympathisants d’Aqmi, qui ont fourni les armes et repéré les otages pour leur enlèvement», a confié la même source à l’AFP.
«Il n’y a pas d’existence d’Aqmi dans les camps de réfugiés sahraouis et les terroristes qui ont mené l’attaque ont tiré sur les coopérants et les gardiens faisant un blessé parmi les otages et un autre parmi les gardiens. Ils ont ouvert le feu pour couvrir leur fuite par des tirs de rafales, contrairement aux mensonges grossiers des commanditaires du bureau de l’AFP de Bamako», réplique sèchement une source gouvernementale sahraouie citée par SPS. «Depuis son bureau de Bamako, l’AFP n’a cessé de propager, toujours sous couvert de l’anonymat, de l’intox et de fausses informations dans le seul but de discréditer le Front Polisario et lier le combat de libération nationale du peuple sahraoui au terrorisme et au crime organisé», poursuit la dépêche de l’agence de presse sahraouie datée du 31 octobre.
Des combattants d’Aqmi qui partent la fleur au fusil pour procéder à un enlèvement d’Européens qui de surcroît, leur sont livrés pieds et poings liés par des éléments du Front Polisario qui eux, sont restés sur place pour être sacrifiés. Il faut être naïf pour croire à un scénario qui flaire le coup fourré. Pour qui ont roulé les hommes de Mokhtar Belmokhtar (émir de l’ex-Gspc qui a prêté allégeance à Al Qaida) à qui a été attribué l’enlèvement des 3 travailleurs humanitaires? La question est posée. Une réponse semble évidente: le Maroc en attend, en tous les cas, des dividendes. Pour preuve: la féroce campagne de diabolisation menée contre le Front Polisario (auquel il essaie de trouver des accointances avec les groupes terroristes d’Al Qaîda) et les conditions de séjour des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, qu’il a provoquée suite à son annexion du Sahara occidental et à la terrible répression exercée dans les territoires occupés, et qu’il évoque, toute honte bue, pour discréditer l’Algérie. «Il s’agit de la responsabilité d’un État et c’est l’Algérie qui en est le premier responsable», a déclaré Taïb Fassi Fihri lors d’un point de presse qu’il a conjointement animé avec son homologue espagnole, Trinidad Jimenez, à l’occasion d’une récente visite effectuée par cette dernière au Maroc. Le gouvernement marocain fait dans la diversion.
Des indices sérieux mènent à une opération rondement planifiée. En effet, est-ce un hasard si l’attaque terroriste contre le camp de réfugiés sahraouis qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche (voir L’Expression du 24 octobre), a précédé l’arrivée du secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, à Alger le 23 octobre et celle vingt-quatre heures plus tard, du président malien Amadou Toumani Touré? Des indications qui montrent que le timing a été programmé de façon diabolique. Un groupe terroriste sans foi ni loi qui opère à mains nues. Est-ce bien crédible? Il n’y aura qu’à ceux que cela arrange et qui prennent des vessies pour des lanternes qui y croiront.
L’Expression, 01/11/2011
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