Rabat.- Certains, surtout ceux qui ont aidé et soutenu les dictateurs arabes durant des décades (et qui continuent à faire de même avec d’autres…), devraient peut-être revoir leurs copies. Mais l’envie de débiter n’importe quoi apparait comme la plus forte.
Après la déclaration du ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé,sur les « aides de la France qui seraient dorénavant conditionnées à la question des droits de l’homme » en Tunisie, Rached Ghannouchi, le patron d’Ennahda, le mouvement islamiste qui vient de gagner les élections en Tunisie a donné une belle leçon de morale aux Français dans le quotidien Le Monde.
« Nous n’avons pas besoin d’une telle parole pour respecter les droits de l’homme. Cela fait partie de nos valeurs et de notre religion, et les Tunisiens n’acceptent pas les aides conditionnées. Dans les accords entre Ben Ali et l’Union européenne figurait le respect des droits de l’homme, mais l’Europe a fermé les yeux. Nous souhaitons qu’elle les garde désormais bien ouverts… », a déclaré Ghannouchi qui était considéré comme un pestiféré du temps du concubinage entre les présidents successifs français et le dictateur tunisien.
D’ailleurs, la France officielle a refusé de féliciter Ennahda pour sa victoire propre et démocratique. Ainsi, Bernard Valero, le porte-parole du ministère français des affaires étrangères, n’a pas voulu commenter les résultats des élections. Ce qui lui a valu une remarque acide du correspondant au Maghreb du quotidien espagnol El Pais : » La réaction des autorités françaises après le dépouillement en Tunisie est à l’opposée de celle qu’elles ont eu, par exemple, après le référendum constitutionnel du 1er juillet au Maroc que les jeunes du Mouvement du 20 Février, l’opposition de gauche, un syndicat et les islamistes de Justice et Spiritualité ont boycotté. « Il apparait d’ores en déjà que le peuple marocain a pris une décision claire et historique », avait déclaré Juppé. « Nous saluons la forte participation du peuple marocain à ce référendum », avait-il ajouté« , écrit Ignacio Cembrero dans son blog.
Dans un passé pas très lointain, quand les élections étaient falsifiées et que Ben Ali gagnait avec des scores à la 99%, l’Elysée et le Quai d’Orsay se pressaient pour féliciter le dictateur.
Badr Soundouss
DEMAIN, 3/11/2011
Be the first to comment