C’est quoi être pauvre ?

par Notre Bureau De Bruxelles : M’hammedi Bouzina Med
«Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent» (J. P. Sartre) 
Par manque d’argent, l’Europe vit une crise politique gravissime, nous dit-on. La famille européenne est donc si pauvre que cela qu’elle n’arrive pas à faire face à ses dettes. Mais à qui doit-elle de l’argent cette Europe qui crie au secours ? Qui détient les dettes de l’Europe ? Economistes, démographes, financiers et autres intelligences, en avance sur la nôtre, annoncent aux enfants qui ne sont pas encore nés qu’ils viendront au monde avec de lourdes ardoises à payer. Ils avertissent les travailleurs d’aujourd’hui sur le risque de ne jamais profiter de leurs pensions et retraites. Jeunes, vieux, bébés et jusqu’aux fœtus dans les ventres des mamans, tous sont en sursis dans cette Europe à qui bien d’autres peuples envient son aisance, son mode de vie et rêvent d’y vivre. Fichtre ! Ils sont bien embêtés ces dirigeants européens qui ne comprennent pas pourquoi leurs citoyens sont si «indignés» par la tournure que prend l’aventure de la famille européenne et les perspectives d’avenir qu’elle leur promet. L’Europe pauvre ? 
300 millions d’euros dépensés par la France dans la guerre en Libye, 50 millions pour la Belgique, le Royaume-Uni a dépensé plus que les deux premiers, l’Allemagne n’a même pas regardé à la dépense et c’est du territoire grec que décollaient les bombardiers F 16, drones chargés de missiles en direction de la Libye. Avec tant de services rendus aux «alliés», la Grèce au bord de l’agonie, n’a jamais pensé sans doute, être traitée si indignement par sa famille. 
Ainsi, au soir du 21 juillet dernier, en plein bombardement de la Libye, à partir de la Grèce, les Européens lui promettaient bien une autre rallonge de 10 milliards et dotaient leur Fonds de stabilité financière (FESF) de 440 milliards d’euros, porté à 1.000 milliards, le 26 octobre dernier. Diantre ! L’Europe n’est pas si pauvre que cela. Il doit y exister un trésor mystérieux que l’on cache aux Européens. Ce n’est pas de l’imagination que cette histoire de trésor caché ; parce qu’il n’y a qu’à écouter les «débats» dans les cafés, bistrots et lieux de travail pour se convaincre du climat surréaliste dans lequel «nage» le bon peuple. 
Un exemple concret ? Voici l’une des blagues qui circulent dans les lieux publics et la toile du Net : c’est l’histoire d’un village français qui a toujours vécu du tourisme. Et en ces temps de «crise» ses habitants endettés les uns par rapport aux autres, vivaient la peur au ventre. Soudain, un riche touriste… chinois débarque dans l’unique hôtel du village. Il demande une chambre et pose un billet de 100 euros entre les mains de l’hôtelier et monte visiter la chambre. Aussitôt, l’hôtelier courut rembourser les 100 euros au boucher qui le fournissait en viande. Le boucher courut, à son tour chez le paysan qui lui fournissait la viande à qui il devait 100 euros. Le paysan fit de même pour rembourser vite, les 100 euros à la «fille de joie» du village en raison des moments de tendresse qu’elle lui avait procurés. «La fille de joie», sans attendre fila chez… l’hôtelier pour lui rembourser les 100 euros qu’elle devait pour la chambre qu’elle louait pour «la joie» des hommes du village. Et c’est à ce moment précis que le touriste chinois descendit l’escalier de l’hôtel et dit : «la chambre ne m’intéresse pas, elle n’est pas à mon goût». Joignant le geste à la parole, il reprit son billet de 100 euros et quitta le village. Au final, dans le village personne n’a gagné, personne n’a perdu et tout le monde a remboursé sa dette. Ainsi, la vox populi se demande bien si tout le cauchemar de la dette du «village européen» n’est rien d’autre qu’une histoire de joie, de volupté, d’excès et d’hôtel ? L’un des ex présidents de la première banque du monde, le FMI, n’a-t-il pas, lui aussi, succombé à une crise de «charme» d’une jolie fille dans un hôtel ? Est-ce un hasard que le Sommet du G 20, c’est-à-dire les pays les plus riches de la planète, se tienne dans la coquette ville de Cannes, réputée accueillir de riches touristes, leurs yachts et abriter de célèbres casinos de jeux de… hasard ? C’est même un peu étrange que les 20 plus riches du monde ainsi que la 1ère banque du monde, le FMI, se plaignent d’être endettés. Dans ce cas, de quoi vont pouvoir bien parler les 20 pays les plus pauvres du monde s’ils décident, un jour, de se réunir en «Sommet» ? La seule certitude des pauvres c’est qu’ils connaissent la fermeté de leurs usuriers. Au moindre défaut de payement, ils seront saisis, grâce à la justice, de leurs maigres biens. Les riches, grâce toujours à la justice, iront s’il le faut jusque chez les pauvres pour se faire payer.
Le Quotidien d’Oran, 5/11/2011

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