Le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain pour le Maghreb a présenté, jeudi, la politique des Etats-Unis dans la région. Pour Raymond Maxwell, il est possible de conjuguer «stabilité» avec «intérêts».
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Le ballet des fonctionnaires américains continue. Après le sous-secrétaire d’Etat aux affaires du Moyen- Orient, Jeffrey D. Feltman, c’est au tour de Raymond Maxwell, le sous-secrétaire d’État adjoint américain pour le Maghreb, de faire escale à Alger.
Fervent admirateur de Frantz Fanon – ses parents lui ont fait lire l’ensemble de son œuvre littéraire – Raymond Maxwell a affirmé, jeudi, lors d’une table ronde avec la presse que l’Algérie est le pays de la région qui doit «retenir la plus grande part de son attention».
Fervent admirateur de Frantz Fanon – ses parents lui ont fait lire l’ensemble de son œuvre littéraire – Raymond Maxwell a affirmé, jeudi, lors d’une table ronde avec la presse que l’Algérie est le pays de la région qui doit «retenir la plus grande part de son attention».
Selon le responsable du département d’Etat, la priorité des Américains au Maghreb tient en un seul mot : stabilité. Mais ce principe doit, selon lui, répondre aux intérêts de toutes les parties. Raymond Maxwell a présenté un bref aperçu de cette vision en tentant de répondre à une question sur les contrats d’armement de haute technologie passés avec le Maroc. «Ce sont des décisions commerciales et financières qui entrent dans le cadre de nos objectifs politiques. Et si nous pensions que la vente de matériel de haute technologie au Maroc allait porter préjudice à la stabilité dans la région, nous ne l’aurions pas fait. Les Etats-Unis ne sont pas là pour fournir du matériel militaire afin de provoquer une guerre régionale. En fait, ce que nous faisons ce n’est pas une course à l’armement. Notre idée d’appuyer le Maroc, au même titre que celle d’appuyer l’Algérie, entre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme que nous menons ensemble dans la région. Ces efforts visent également à stopper les activités de l’Aqmi dans la région et arrêter le trafic de drogue, d’êtres humains et tout autre type de trafics. Nous le faisons dans l’intérêt de la région et pour nos intérêts», a-t-il souligné.
Maxwell a déclaré que les Etats- Unis «cherchaient actuellement les voies et moyens pour vendre des équipements à l’Algérie». Il s’avère que les armes livrées récemment à Rabat, notamment des missiles airair Amraam 120C, n’ont aucune utilité dans la lutte antiterroriste. Ces missiles, qui équipent les 24 F16 de l’armée marocaine, doivent servir à «atténuer» la supériorité de l’aviation algérienne. Néanmoins, le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain pour le Maghreb estime que la nature des relations algéro-marocaines permet, jusqu’à présent, d’assurer une certaine stabilité. «Nous avons de solides relations avec l’Algérie et de solides relations avec le Maroc et il n’y a pas lieu de dire comment doivent être les relations entre vos deux pays. Nous sommes amis des deux pays et il n’est que justice de dire que nous souhaitons que nos deux amis soient amis entre eux. Mais aujourd’hui, j’ai été agréablement surpris d’entendre dire que le Maroc et l’Algérie ne sont pas amis mais plutôt frères. Notre intérêt principal est la stabilité régionale.
Dans le cadre de la stabilité régionale, les pays doivent s’entendre entre eux malgré le problème des frontières.» Pour ce qui est de la montée de l’islamisme politique en Tunisie et en Libye, Raymond Maxwell s’est montré plutôt optimiste. «Ce qui nous préoccupe ce n’est pas l’identité religieuse des gouvernements, mais c’est un ensemble de principes essentiels. Il faut que les gouvernements soient démocrates, qu’ils soient inclusifs en comprenant des femmes et des minorités. Qu’ils soient justes et qu’ils donnent satisfaction aux demandes des peuples qu’ils représentent. Si tous ces principes sont satisfaits, nous travaillerons avec les nouveaux gouvernements », a-t-il noté. Et d’après lui, le phénomène de non-séparation entre le politique et le religieux qui caractérise la grande majorité des Etats musulmans est également constaté au sein de certaines institutions politiques des Etats-Unis d’Amérique.
Le Soir d’Algérie, 5/11/2011
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