Le roi du Maroc Mohammed VI ne rate aucune opportunité discursive pour destiner à l’Algérie l’expression de ses amours feintes. Dimanche, dans un discours célébrant le 36e anniversaire de la «marche verte», le monarque s’est déclaré disposé à travailler avec l’Algérie pour «un ordre maghrébin nouveau».
Ayant assurément très mal vécu son exclusion, au demeurant, toute logique, de l’entité sahélo-saharienne, constituée par les quatre pays dits du «front», Algérie, Niger, Mali et Mauritanie, le roi Mohammed VI postule, même en désespoir de cause, à un éventuel rôle réhabilitant. Il joue évidemment, comme toujours, de malice diplomatique, celle poursuivant à faire accroire que c’est l’Algérie qui reste sur une attitude nonchalante quant à la construction du Maghreb. C’est de cette perspective que procède son appel, dimanche, à l’Algérie à coopérer efficacement pour la construction d’un Maghreb qui serait «un véritable moteur de l’unité arabe». Un Maghreb, a-t-il dit, qui serait capable d’assurer «la stabilité et la sécurité dans la zone sahélosaharienne ». Le référent à la zone sahélo-saharienne n’est point innocent dans la bouche du roi Mohammed VI. Considérant toujours comme siens les territoires sahraouis, il se croit partie donc intégrante de cette zone.
Parlant de la sorte, il fait ouvertement fi des résolutions onusiennes concernant l’autodétermination du Sahara occidental et du sentiment du peuple sahraoui lui-même qui milite à s’émanciper du joug colonial. Ceci étant, le roi Mohammed VI, chez qui il est devenu récurrent de citer l’Algérie dans chaque discours, prend, par ailleurs, prétexte des vents du changement dans la région et dans le monde arabe pour conter une énième fois son «désir» de se rapprocher d’Alger. «Le Maroc réitère sa disponibilité à tout mettre en œuvre (…) et notamment avec l’Algérie sœur, dans le cadre de la dynamique actuelle (…) pour la concrétisation commune des attentes des générations présentes et à venir qui aspirent à l’avènement d’un ordre maghrébin nouveau», a dit le roi, rapporte l’AFP. Il est clair que ce laïus ne saurait traduire un amour pour l’Algérie. Il se destine à la communauté internationale aux yeux de laquelle le Maroc tente d’apparaître plus disponible que son voisin de l’Est pour la construction maghrébine.
Lors de la crise libyenne, le royaume a travaillé à affaiblir l’Algérie, en attisant la polémique avec le CNT auquel il a été suggéré d’accuser l’Algérie d’envoi de mercenaires pour prêter main-forte au régime de Kadhafi aujourd’hui déchu. De plus, le roi Mohammed VI ne se prive pas d’indexer, à tort, du doigt l’Algérie concernant la condition des réfugiés sahraouis à Tindouf. Dans son discours de dimanche, il a parlé «de pires formes de privation, de répression, d’humiliation», dans les camps de réfugiés. Voilà le propos qui montre le sentiment véritable du roi à l’endroit de l’Algérie et qui gomme toutes les professions de bonne volonté dont il vernissait jusque-là ses discours. Des professions qui sont autant de torpilles diplomatiques visant à affaiblir l’Algérie.
S. A. I.
Le Soir d’Algérie, 8/11/2011
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