Ce fut le cas il y a quelques jours dans un article paru le 21 octobre dernier dans la publication marocaine ‘le Canard libéré’, notoirement affiliée aux services de renseignements de ce pays. Sous le titre insultant ‘le nouveau pantin d’Alger’ les auteurs reprochent pathétiquement au président Mohamed Ould Abdel Aziz de ‘tourner le dos au Maroc’.
Comme c’est généralement le cas ce type d’articles, non seulement il est vide de sens pour tout observateur averti de la scène politique maghrébine, mais, il en dit sans le vouloir, beaucoup plus sur les frustrations de ses auteurs et leurs véritables craintes que sur le sujet qu’il aborde.
On s’attendrait tout de même à un peu plus d’intelligence de la part d’un service qui souhaite manifestement manipuler l’opinion publique marocaine. Passons donc en revue rapidement les piètres griefs des pauvres auteurs de cet article avant d’aborder le fond de la question.
‘Le Canard libéré’ nous rapporte donc, sur le ton de la complainte de l’amant éconduit, que Rabat serait soit disant vexé que le président mauritanien ait reporté à plusieurs reprises une visite officielle au Maroc et que la Mauritanie ait osé présenter sa propre candidature au Conseil de Sécurité des Nations Unies au lieu de soutenir celle du Maroc. Voilà. C’est là la totalité du réquisitoire.
Dérisoire et pathétique vous en conviendrez, cependant il n’en faut pas plus aux journaleux de ce canard débile pour en conclure sans l’ombre d’une hésitation que la Mauritanie et son président sont désormais à la solde de l’Algérie.
Passons donc sur la vacuité, le maroco centrisme pathologique et la mauvaise foi de ces arguments pour nous attarder plutôt sur la véritable frustration qu’ils expriment ; à savoir l’impossibilité pour le Maroc ou qui que ce soit de contrôler les choix et le destin de la Mauritanie.
Ce sont certainement les algériens qui rient le plus parce qu’ils savent pertinemment, qu’ils n’ont pas plus de contrôle sur la Mauritanie qu’ils en ont sur les Etats Unis et ce n’est pas faute d’avoir essayé. C’est donc là le retour des vieux démons marocains, de la fameuse rengaine « Mauritania dialna » que l’on croyait disparue après cinquante ans d’indépendance de notre pays.
Jusqu’à quand les mauritaniens devront ils supporter les restes fétides de la politique expansionniste marocaine, celle la même qui poussa ce pays à refuser de reconnaitre l’existence de notre pays jusqu’en Septembre 1969 et à s’ingérer dans ses affaires intérieures comme le Maroc le fit en vain un certain 16 mars 1981.
Jusqu’à quand certains marocains incapables de régler intelligemment et justement la question du Sahara Occidental ou à affronter leur éternel concurrent algérien pour la domination régionale continueront ils à se fourvoyer en prenant la Mauritanie pour un petit mur auquel l’on peut s’attaquer quand on craint son véritable ennemi. Et bien le mur mauritanien et bien plus solide que ne le croient certains. D’autres ont essayé de l’escalader et s’y sont cassé les dents.
Le plus étonnant est qu’après la colère légitime ressentie par tout véritable mauritanien à la lecture de l’article de ce petit canard, qui s’aventure dans le désert, succède une tendre pitié pour les pauvres marocains qui l’ont commandité.
En effet, dans sa pitoyable plainte contre la Mauritanie, le journal fait à la fin un pathétique appel du pied aux mauritaniens en mentionnant maladroitement que le Maroc a cette année refusé de dépasser le quota annuel de 150 étudiants mauritaniens afin d’inscrire les 800 qui n’ont pu s’inscrire ailleurs pour cause de révolutions dans le monde arabe.
Et alors ? Que doit-on en conclure ? Que le Maroc a encore une fois raté l’occasion de se montrer solidaire avec ses voisins? CQFD. Voilà ce qui arrive quand les médiocres se mettent à conseiller les rois. C’est en général l’un des symptômes des fins de règne. Comme l’a dit un jour un diplomate américain chevronné
« Les marocains sont en général très raisonnables et rationnels en toutes choses, sauf lorsque quelqu’un aborde la question du Sahara, ils deviennent alors complètement absurdes et illogiques ».
H’bib Terrouzi
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