Sahara occidental : à l’origine des choses

Mohamed VI n’en rate pas une pour tordre le coup à la réalité, se poser en victime et bafouer le droit international, pour autant qu’il lui soit appliqué un jour. Pour autant, aussi, que les Nations unies ne finissent pas par se dissoudre pour que le diktat réel se manifeste ouvertement. Dans ce contexte très favorable à l’iniquité, le monarque appelle à la construction de l’ensemble nord-africain. Au passage, l’Algérie est invitée en filigrane à envoyer le Polisario et ses réfugiés aller chercher asile ailleurs. Car c’est de cela qu’il s’agit et de rien d’autre. De façon, croit-il, à chasser de la scène ce peuple qui témoigne que la terre spoliée lui appartient. Comptant bien sûr, croit-il aussi, mater à huis clos les Sahraouis qui mènent la vie dure à sa soldatesque. Oubliant ce faisant, surtout, qu’on ne peut appeler à l’unité ses voisins quand on affiche une volonté de prédation et d’expansion territoriale. Le dernier des niais ne s’y laisserait pas prendre. 
 
Donc, sa majesté n’a aucune intention de céder un iota de sa souveraineté à une Union qui est censée balayer les frontières et les féodalités, au profit de l’épanouissement collectif des Nord-Africains, Sahraouis y compris. Dans ce cas, ces derniers auraient adhéré de plein gré à la reconfiguration de la région. Ce que M6 empêche de se faire et qui nous pousse à une autre réflexion. Ce serait bien de remonter à l’origine du problème et de nous rappeler les différents protagonistes qui ont concouru à créer la situation actuelle. A l’automne 1975, l’Espagne livre le territoire au Maroc et à la Mauritanie, qui l’envahissent le premier par le nord et la seconde par le sud. Fuyant les hordes déchaînées, des dizaines de milliers d’habitants sont rentrés en Algérie. 
 
Le fait accompli du Makhzen a pu, par la suite, s’établir avec le retrait de la Mauritanie. Suivant la logique makhzénienne, ce ne serait alors pas juste du tout que le Maroc s’empare tout seul du Sahara occidental. La Mauritanie devrait se plaindre à l’ONU de l’arnaque en cours, qui l’exclut de l’affaire, selon le principe « pourquoi lui et pas moi », parce que les Européens et les Etats-Unis, qui font tout pour que le roitelet de l’Ouest conserve son trône, gèlent pour lui tout seul cette résolution qui avait sommé son père à organiser un référendum d’autodétermination, il y a plus de dix ans. Ce ne serait pas juste que la Mauritanie qui c’était retirée d’elle-même perde la part de territoire que Hassan II ne lui avait pas contestée. Au train où vont les choses et pour respecter l’objectif réduit de la folklorique « Marche verte », la Séguia El Hamra et le Rio de Oro ne devraient pas revenir au seul Maroc. Mais M6 ne fait pas du tout allusion à ce qui a présidé à l’occupation et au découpage concerté du pays sahraoui. Il le revendique en entier et se targue de vouloir, ainsi, défendre l’unité du royaume. Faisant par là même preuve d’une mauvaise foi inqualifiable. Parce qu’il suffirait que Nouakchott se rappelle à son bon souvenir en exhibant ce qu’il faut comme accords conclus pour le faire se contorsionner de confusion. Peut-être fait-il tout ce qu’il faut pour que cela ne se produise pas.
Par Ahmed Halfaoui
Les Débats, 12/11/2011

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